Mikaïl, 26 ans, vit chez ses parents à Manage (Hainaut) et travaille à quelques kilomètres de là, à Nivelles, comme assembleur chez Twin Disc. Le jeune délégué syndical ACV-CSC Metea constate que le coût de la vie a fortement évolué depuis son engagement, et que les salaires ne suivent pas.
Propos recueillis par D. Mo.
«Quand je suis entré en service, il y a cinq ans, je pouvais me débrouiller avec mon salaire. J’ai d’ailleurs décidé d’acheter une maison. Mais tout est devenu beaucoup plus cher: le prix des matériaux pour la rénovation de ma maison a explosé, le diesel est passé de 1,40 euros à parfois plus de 2 euros, le prix des pellets a plus que triplé…».
Si le principe du maintien de l’indexation est important pour lui, le rééquilibrage qu’il permet est loin de rattraper le coût de la vie: «Notre indexation annuelle a eu lieu en juillet dernier. Elle était de 8%, ce qui me permet de toucher une trentaine d’euros en plus par mois. C’est un petit coup de pouce mais c’est largement insuffisant. Comme les prix augmentent constamment, l’indexation sur base annuelle n’est pas adaptée pour coller au coût de la vie. Même avec mon salaire correct, je ne pourrai plus suivre si les prix continuent d’augmenter à ce rythme. Ce qui me permet de tenir actuellement et de pouvoir payer mon crédit, c’est que je ne paye pas de loyer. Dans les conditions actuelles, il est impossible d’envisager de m’installer avec quelqu’un».
Je ne pourrai plus suivre si les prix continuent d’augmenter à ce rythme.
L’indexation constitue néanmoins un des rares moments permettant de faire évoluer le salaire. «Chez Twin Disc, les augmentations salariales sont liées à une procédure d’évaluation qui a lieu tous les trois ans. à cause du corsetage des salaires par la loi de 1996, cette évaluation constitue finalement le seul moyen d’être vraiment augmenté.
Mais cela n’a lieu que tous les trois ans. Sans indexation, mon salaire n’évoluerait pas. Elle doit donc être maintenue, et la loi doit être revue.» Quant à la menace d’un saut d’index, cette option lui semble inenvisageable. «Cela rendrait encore plus pénible la situation de nombreux travailleurs qui ont été mis en chômage temporaire du fait des difficultés d’approvisionnement pour certaines pièces ou matières». Finalement, pour le jeune assembleur, «l’équation est simple: soit le coût de la vie diminue, soit les salaires augmentent. Comme le coût risque de rester élevé, il faut que les salaires augmentent».
© Guy Puttemans