Arjemo: l’action syndicale a porté ses fruits
René Petit, secrétaire permanent a ACV-CSC Metea.
L’entreprise liégeoise Arjemo, détenue par Wallonie Entreprendre et ArcelorMittal, renonce à introduire une requête en procédure de réorganisation judiciaire
Isabelle Debroux
Le 16 janvier dernier, la décision d’Arjemo de demander au Tribunal de l’entreprise d’ouvrir une procédure de réorganisation judiciaire (PRJ) a mis le bassin sidérurgique liégeois sous haute tension. Cette annonce, faite dès le lendemain par l’employeur aux 160 travailleurs, a provoqué colère et incompréhension.
Arjemo, détenue à 50% par Wallonie Entreprendre (ex-Sogepa) et à 50% par ArcelorMittal, a été créée en 2014 suite à l’externalisation des activités de logistique du géant de l’acier. «C’est donc ArcelorMittal qui est à la base de la création d’Arjemo, resitue René Petit, secrétaire permanent ACV-CSC Metea. Pour nous, dès le départ, les choses étaient claires: ArcelorMittal doit assumer ses responsabilités envers les travailleurs! Nous avons directement dit aux actionnaires que nous n’accepterions pas que le personnel d’Arjemo soit lâché sur le bord de la route. Il n’est pas responsable des difficultés dans lesquelles se trouve cette société!».
Arjemo a deux clients: ArcelorMittal Belgium et Liberty Steel, elle-même en PRJ. Par ricochet, l’arrêt des activités de Liberty Steel a plongé Arjemo dans de grosses difficultés financières. Pour René Petit, en voulant se diriger vers une PRJ, il y avait certainement dans le chef d’Arjemo «une volonté de contourner la procédure Renault et d’éviter d’assumer ses responsabilités sociales».
Le message donné à la direction est limpide: les travailleurs sont prêts à réagir très vite, et ils sont derrière leurs délégués syndicaux.
Les travailleurs ont immédiatement décidé d’arrêter le travail. «Les membres des différents sites où œuvre Arjemo se sont unis dans l’action comme un seul homme, se félicite le secrétaire permanent. En plus, des travailleurs extérieurs à Arjemo mais partageant les mêmes sites ont refusé de les remplacer sur certains postes, et ont ainsi aidé leurs collègues! Le message donné à la direction a été limpide: le terrain est prêt à réagir très vite en cas de besoin, et il est derrière sa délégation».
Résultat: le 18 janvier, la direction s’est mise autour de la table. «Les discussions soutenues ont débouché sur des avancées concrètes. Et le conseil d’administration s’est engagé par écrit à les respecter» relate René Petit. Premier double engagement de taille: «la direction n’introduit pas de requête en PRJ auprès du Tribunal de l’entreprise. Mais nous voulions que le personnel soit mis à l’abri de la faillite. Nous avons été entendus: le CA s’est engagé à écarter ce scénario de faillite». Une fois ces deux préalables acquis, il a été conclu d’ouvrir des discussions sur l’avenir de l’entreprise. Pendant toute la durée des négociations, aucune décision ne sera prise quant au futur de la société. Autre élément essentiel pour Metea: garantir les salaires des travailleurs. «Nous avons obtenu l’engagement du CA qu’Arjemo dispose de ressources financières suffisantes pour payer les salaires du personnel.»
Ce conflit a démontré que la solidarité entre les travailleurs est essentielle. «Cette valeur est trop souvent mise de côté de nos jours. Pourtant, c’est un des piliers essentiels de l’action syndicale. Merci à toutes les personnes qui se sont serré les coudes dans cette réaction, sans lesquelles le résultat obtenu n’aurait pas été possible. La CSC a démontré qu’elle est indéfectiblement aux côtés des travailleurs», conclut René Petit. La CSC reste évidemment vigilante quant aux suites de ce dossier.
© ACV-CSC Metea