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L'info n°1026/05/23

Les négociateurs
de CCT dans les starting blocks

Le gouvernement fédéral avait décidé fin mars qu’avant les congés de Pâques dans l’enseignement néerlandophone, il ne finaliserait plus que le contrôle budgétaire. Les interlocuteurs sociaux ont donc dû encore faire preuve de patience avant d’obtenir des éclaircissements autour de leur cadre d’accords pour 2023-2024. Le «triptyque» des réformes dites structurelles (réforme fiscale, réforme des pensions et réforme du marché du travail) a lui aussi été reporté après la période de Pâques et n’est toujours pas finalisé à ce stade. Le gouvernement a par contre a annoncé la couleur en ce qui concerne le cadre d’accords des interlocuteurs sociaux.

Chris Serroyen (adapt. D.Mo.)

Après la trêve pascale, le gouvernement a rapidement pris une décision concernant le cadre d’accords négocié par les interlocuteurs sociaux. Avec une grosse surprise: le gouvernement n’a que partiellement accepté cet accord. Du jamais vu dans l’histoire de la concertation interprofessionnelle bisannuelle. La demande commune de ne pas appliquer l’augmentation des cotisations patronales sur le RCC (les ‘cotisations Decava’) aux travailleurs déjà licenciés antérieurement en vue d’un RCC n’a pas été rencontrée. La diminution des cotisations AMI sur les petites pensions complémentaires ne sera discutée qu’ultérieurement, dans le cadre de la réforme des pensions. Il en ira de même pour une possible réduction de la cotisation de solidarité, ce qui est un élément tout à fait nouveau. Et on ne dit pas un mot à ce stade sur les mesures d’accompagnement pour l’augmentation du salaire minimum (de 37,5 euros le 1er avril 2024).

La questions des fins de carrière semble réglée

La bonne nouvelle est que, malgré les remous récents autour du RCC, le gouvernement ne fait pas de difficultés par rapport aux accords sur les régimes de fin de carrière. Il n’avait en réalité pas grand-chose à faire, si ce n’est de s’abstenir de modifier les AR actuels. Il lui était simplement demandé de modifier l’AR sur le crédit-temps pour permettre l’instauration d’un emploi de fin de carrière à partir de 55 ans après 25 ans de carrière (au lieu de 35 ans) pour les travailleurs des entreprises de travail adapté. Il s’y est engagé. Un travail intensif se poursuit donc au Conseil national du Travail afin de préparer les régimes dérogatoires pour le RCC et les emplois de fin de carrière par CCT pour les deux prochaines années. Une nouvelle CCT temporaire est également en préparation concernant l’assouplissement des emplois de fin de carrière dans les entreprises de travail adapté, ainsi qu’une CCT sur la liaison au bien-être du complément RCC pour cette année.

Les deux contreparties pour les employeurs seront également mises en œuvre correctement. Il s’agit, d’une part, d’une nouvelle CCT de deux ans pour le chômage économique des employés et, d’autre part, de la prolongation des accords temporaires en matière d’heures supplémentaires, qui reste à finaliser par le Parlement. Ces deux dossiers sont donc sur les rails.

 Malgré tous les remous autour du RCC, le gouvernement ne fait pas de difficultés par rapport aux accords sur les régimes de fin de carrière.

Moratoire

Pour les employeurs, la partie la plus importante du cadre d’accords était probablement le respect, jusqu’au 1er janvier 2028, du moratoire sur les cotisations sociales et les taxes sur les pensions complémentaires. Ils étaient en effet inquiets suite aux annonces de la ministre des Pensions Lalieux (dans le cadre de la réforme des pensions) et du ministre des Finances Van Peteghem (dans le cadre de la réforme fiscale). Ces inquiétudes sont maintenant dissipées. Le gouvernement a promis de respecter le moratoire, ce qui ne semble pas l’empêcher d’annoncer des mesures pour 2028. Nous devrons veiller à éviter les dégâts pour les travailleurs.

Prolongations

Pour être complets, nous ne pouvons pas oublier la question qui revient sur la table lors de chaque négociation bisannuelle entre interlocuteurs sociaux: celle de la prolongation de différents régimes temporaires, surtout en ce qui concerne les mesures en faveur des groupes à risques à concurrence de 0,10% de la masse salariale et la prime d’innovation. Ces textes sont également en préparation au niveau du gouvernement.

À pas de tortue

Ce processus se déroule avec une lenteur qui tape sur les nerfs de tout le monde. En particulier sur ceux de nos négociateurs de CCT, dont les cahiers de revendications sont prêts et qui sont dans les starting blocks depuis longtemps déjà afin de pouvoir entamer les négociations sectorielles. Ils savent que les négociations seront difficiles et sont de plus en plus conscients du fait que, comme en 2021, une partie de ces négociations ne pourra pas être finalisée pour les vacances d’été. Ils ont aussi deux autres chats à fouetter. Le deal pour l’emploi de l’an dernier oblige les négociateurs sectoriels à conclure, pour le 30 juin, un plan pour lutter contre les problèmes croissants de recrutement de personnel dans les secteurs. Et, d’ici au 30 septembre, une CCT sectorielle doit être conclue afin de concrétiser le droit individuel annuel en matière de formation (4 jours cette année, et 5 jours à partir de l’an prochain). Le métier de négociateur de CCT est loin d’être de tout repos!

25 ans de carrière

Les travailleurs des entreprises de travail adapté pourront bénéficier d’un emploi de fin de carrière à partir de 55 ans après 25 ans de carrière au lieu de 35 ans.

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