Un statut de salarié pour les travailleurs du sexe
Depuis le 1er décembre 2024, les travailleurs et travailleuses du sexe en Belgique peuvent désormais exercer leur métier sous contrat de travail à part entière. La Belgique est le premier pays au monde à mettre en place des mesures concrètes pour légaliser le travail du sexe.
L. Van der Auwera (adapt. D.Mo.)
La Belgique est le premier pays au monde à reconnaître le travail du sexe comme un travail.
En travaillant sous contrat à part entière, travailleurs et travailleuses du sexe vont pouvoir se constituer des droits sociaux, y compris le congé de maladie et le congé de maternité. Pour Benjamin Moëst, du service d’études de la CSC Alimentation et Services, cette avancée est une excellente nouvelle pour les 25 à 30.000 travailleurs du sexe en Belgique. «Après toutes ces années de travail dans l’insécurité et avec des statuts précaires, il est réjouissant de voir des mesures prises pour les mettre sur un pied d’égalité avec les autres travailleurs de notre pays», explique-t-il. Cependant, les travailleurs du sexe doivent être employés par un employeur reconnu, comme une ASBL offrant des services sexuels aux personnes porteuses d’un handicap ou aux personnes âgées vulnérables.
La loi doit aussi veiller à ce qu’elles et ils puissent exercer leur métier dans des conditions sûres. Or, il y a encore un grand tabou autour du travail du sexe. Ce n’est d’ailleurs qu’en juin 2022 qu’il a été retiré du Code pénal, une première étape vers la reconnaissance de l’existence du secteur. L’obtention d’un statut de travailleur salarié constitue une nouvelle étape cruciale. Cette mesure peut-elle également offrir une solution contre l’exploitation et la traite des êtres humains? Si, pour Daan Bauwens, d’Utsopi1, cette mesure ne sera pas une solution miracle pour les personnes sans papiers, elle est un pas important vers une meilleure protection. «Avant la dépénalisation, il n’y avait aucune distinction entre les employeurs malhonnêtes et ceux de bonne foi. Désormais, des normes minimales peuvent être utilisées pour différencier travail honnête et exploitation. Seuls les employeurs qui respectent ces normes peuvent être reconnus, excluant ainsi les personnes condamnées pour traite des êtres humains ou viol», détaille-t-il. Pour Benjamin Moëst, il reste à voir combien d’employeurs se feront effectivement reconnaître. «Nous voulons en tout cas continuer à travailler pour conclure des CCT qui garantiront la protection de cette “nouvelle” profession», affirme-t-il.
1. L’union belge des travailleurs et travailleuses du sexe, NDLR.
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