8 mai: devoirs de mémoire
De nombreux rassemblements ont eu lieu à l’occasion du
8 mai pour entretenir la flamme du souvenir de la Libération des Camps nazis, en mai 1945, et pour s’opposer à la montée actuelle de l’extrême droite. Focus sur le rassemblement de Breendonk.
David Morelli
Ann Vermorgen était présente au rassemblement de Breendonk.
Partout en Belgique, des événements ont commémoré la victoire historique contre le nazisme et les idées d’extrême droite. De nombreuses prises de parole et actions symboliques ont eu lieu.
Le rassemblement le plus symbolique s’est déroulé ce dimanche 5 mai au fort de Breendonk, tristement célèbre pour avoir servi de prison à la police politique des SS durant la seconde guerre mondiale. Quelque 3.600 prisonniers y ont été enfermés et y ont subi des privations des sévices. Plus de 300 d’entre eux y ont perdu la vie.
La présidente de la CSC, Ann Vermorgen, a pris la parole lors du rassemblement, à l’instar d’autres personnalités et représentants du monde syndical. «Monter les gens les uns contre les autres, saper le principe d’égalité, ce sont des phénomènes auxquels on assiste à nouveau chez nous. Cette doctrine, l’extrême droite en a fait sa marque de fabrique. Avec de nouvelles formes, de nouveaux emballages. Avec un vernis qui doit fait transparaître ses préoccupations sociales. Il suffit toutefois de gratter très légèrement ce vernis pour constater que le message est toujours le même. Dans la Flandre de l’extrême droite, il n’y a pas de place pour les gens de couleur, pas de place pour les personnes qui croient en un autre dieu, pas de place pour les francophones, pas de place pour les personnes LGBTQIA+, pas de place pour les femmes qui revendiquent l’égalité des droits, pas de place pour les syndicalistes qui défendent les droits des travailleurs, pas de place pour les citoyens qui s’inquiètent pour le climat. Personne dans cette salle n’a sa place dans la société que préconise l’extrême droite! Nous ne pourrons plus prendre part à cette société! Nous serons exclus! Cette exclusion et cette haine sont en contradiction totale avec les valeurs que préconise la CSC. Nous ne nous laisserons pas faire!»
Des rassemblements et actions ont également eu lieu dans plusieurs villes de Wallonie et de Flandre, ainsi qu’à Bruxelles.
Le 6 mai, la CSC de Charleroi-Sambre et Meuse a procédé, en front commun, a une action à la fois symbolique et très concrète: recouvrir les affiches du parti d’extrême droite «Chez Nous» par les affiches de la Coalition 8 mai.
Le 8 mai, à La Louvière - qui s’est déclarée Ville antifasciste en novembre 2023 - la Coalition 8 Mai a commémoré la mémoire de la résistance au fascisme devant le Monument aux morts, dans le parc Warocqué. La CSC y a pris la parole par la voix de Valérie Debrouwere, permanente à la CSC Mons-La Louvière: «Il ne faut pas se voiler la face, nous utilisons des mots forts mais vrais: ces partis excluent les gens et répandent la haine, sont opposés aux droits démocratiques fondamentaux et sont de toute évidence, contre l’égalité! Ces partis défendent des valeurs totalement opposées aux nôtres et nous ne pouvons pas tolérer ça et nous ne nous laisserons pas faire!»
À Liège, la commémoration a également été un moment de revendication et de lutte contre l'extrême droite. Des prises de paroles ont eu lieu devant le Monument National à la Résistance. Un cortège a ensuite rejoint la Cité Miroir pour visiter l'exposition «Fighting for?», évoquant les mouvements de résistance.
À Bruxelles, une célébration commémorative a réuni quelques 300 participants au Carrefour de l'Europe. Simon Gronowski, survivant de l'Holocauste, y a pris la parole ainsi que des ouvriers, des étudiants et des représentants syndicaux. Des militants de la CSC ont également nettoyé le monument «La Libération» dédié aux cheminots morts pendant les guerres mondiales, qui surplombe l’escalier principal de la gare centrale, et y ont déposé une gerbe de fleurs.
D’autres rassemblements ont également eu lieu, entre autres, à Namur et à Mouscron.
Notons enfin que, toujours le 8 mai, les interlocuteurs sociaux du secteur des constructions métalliques et mécaniques (CP111 et CP209), parmi lesquels l’ACV-CSC Metea, ont publié un «Plaidoyer pour une société ouverte et inclusive, aussi sur le lieu de travail». Les organisations syndicales et patronales du secteur ensemble, ont envoyé un message «fort et clair»: «l'extrémisme, le racisme, la discrimination, le sexisme, l'homophobie et toute autre forme d'exclusion n'ont pas leur place, ni dans notre société, ni dans nos entreprises. Mais il y a de la place pour la cohésion et la croissance.»
Comme l’ont conclu les interlocuteurs sociaux, «il y a aujourd’hui plusieurs défis à relever et de problèmes à résoudre. Seule une société ouverte, respectueuse et inclusive en est capable.»
© Daniel Rys
© Photos 8 mai Bruxelles © Thibault Flips