Loicq Daniel, 55 ans, travaille depuis plus de dix ans sous le statut ALE. Il revient sur les avantages et les inconvénients de ce statut.
Prop. rec. par D. Ernotte et D. Morelli
© La CSC
Je suis arrivé à 45 ans dans les ALE, durant une période de chômage. J’ai commencé comme jardinier à l’ALE de Lasne.
Pour le moment, j’ai surtout la charge de la surveillance des enfants. Le matin, je prends ma voiture pour aller jusque l’école, qui se trouve à environ deux kilomètres de chez moi. De 7h50 à 9h, j’organise la traversée du passage pour piétons devant l’école. Je reprends ensuite ma voiture pour rentrer chez moi. À 12h40, je retourne à l’école pour surveiller la récréation des enfants, de 13h à 14h. J’attends ensuite sur place pour surveiller, à 15h30, la traversée de la route par les enfants qui retournent chez eux.
Ce que je trouve positif dans ce travail, c’est l’aspect social.
Ce que je trouve positif dans le travail en ALE, c’est surtout son aspect social. Je suis assez libre de choisir ce que je veux faire, et je rencontre beaucoup de gens. Cela me permet également une certaine stabilité financière, en constituant un complément à mon petit chômage. Ce serait problématique de ne plus avoir cette rentrée, qui est déductible fiscalement. Elle met du beurre dans les épinards. Néanmoins, ne toucher que 4,10 euros de l’heure, ça ne va vraiment pas. Pour ma journée de travail, qui a un horaire très saccadé, je reçois trois chèques ALE, soit 12,30 euros.
4,10 euros de l’heure, je trouve ça insuffisant. Il faudrait un ou deux euros en plus par heure de travail. Depuis que j’ai commencé à travailler en ALE, le montant, qui n’est pas indexé, n’a jamais bougé. C’est d’autant plus problématique que je travaille avec des horaires coupés, ce qui multiplie le nombre de trajets. Or, le remboursement des frais kilométriques est également particulièrement bas: 15 centimes par kilomètre. Comme j’habite à environ deux kilomètres de l’école, celle-ci refuse de prendre en charge les frais de déplacement. C’est aussi dommage que l’on ne puisse pas dépasser les septante heures de travail par mois.
Lorsque je fais du jardinage, par exemple, il y a des attentes auxquelles nous ne pouvons pas répondre. Certaines personnes exigent que nous travaillions comme des jardiniers professionnels, de manière parfaite. Je ne suis pas jardinier de formation, et le montant qu’ils payent n’est pas celui d’un «vrai» jardinier. Ils n’ont pas toujours conscience des avantages mais aussi des limites inhérentes à mon statut. Mais comme je travaille en général assez bien, cela règle le problème.