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L'info n°310/02/23

Fact-checking

Face aux arguments erronés des opposants à l’index, voici quelques réponses argumentées.

B.V.V.

L’indexation en montants serait plus juste qu’une indexation en pourcents. Vrai ou faux?

À l’instar de l’inflation, l’indexation automatique des salaires s’exprime en pourcents et non en euros. Ne serait-il pas plus social d’indexer d’un certain montant plutôt qu’en pourcentage? En effet, une personne qui gagne 1.000 euros et bénéficie d’une indexation de 10% ne percevra que 1.100 euros, tandis qu’une personne dont le salaire est de 5.000 euros recevra jusqu’à 500 euros supplémentaires.

En réalité, indexer en montants plutôt qu’en pourcents n’a rien de social. En premier lieu, l’indexation n’enrichit personne. Elle ne fait que corriger – avec un certain retard en fonction de la commission paritaire – la perte de pouvoir d’achat due à la hausse des prix. Elle protège ainsi tant les revenus les plus élevés que les plus faibles contre l’appauvrissement.

De même, il est faux d’affirmer que l’indexation en montants permet de redistribuer la richesse en relativisant la correction du pouvoir d’achat des revenus les plus faibles par rapport aux revenus les plus élevés. Rien n’est redistribué: les bas salaires conservent au mieux leur pouvoir d’achat mais ne gagnent rien. Les seuls à y gagner sont les employeurs et les actionnaires dont la marge bénéficiaire augmente parce qu’ils n’ont guère ou n’ont pas à adapter la rémunération des travailleurs aux salaires plus élevés.

Les grands perdants sont les pouvoirs publics et la sécurité sociale. Ils perçoivent moins de cotisations. Tous les travailleurs et les personnes qui bénéficient d’un revenu de remplacement sont pénalisés, car la pression augmente pour réaliser des économies sur la sécurité sociale.

«La hausse de l’inflation est due à nos salaires élevés».
Vrai ou faux?

La spirale salaires-prix est un des arguments souvent invoqués pour critiquer l’index. En résumé, pour ceux qui avancent cette idée, l’augmentation des coûts salariaux serait répercutée sur les prix. Par conséquent, les revendications salariales seraient plus élevées parce que les prix ont augmenté.

Or, cela n’a pas été le cas au cours des dernières décennies. Statbel, l’office belge de statistique, a calculé que l’inflation est surtout due à la hausse des coûts de l’énergie ainsi qu’à l’augmentation des prix des denrées alimentaires. Elle ne résulte donc pas d’une spirale salaires-prix. En outre, près de la moitié des salariés (40%) n’ont été indexés qu’en janvier: l’inflation ne peut logiquement pas résulter d’un événement qui ne s’est pas encore produit. En outre, les augmentations de prix destinées à maintenir les marges bénéficiaires (élevées) pèsent davantage que les coûts salariaux.

«L’indexation en net est tout aussi bonne pour le salarié».
Vrai ou faux?

Les organisations patronales aspirent toujours plus à une indexation en net. Elles laissent entendre que le travailleur conserve le même montant. Or, ce raisonnement ne tient pas, car les augmentations en net ne permettent pas de se constituer des droits sociaux.

On oublie surtout que cette option entraînerait une hémorragie pour la sécurité sociale et les services collectifs; les travailleurs en seraient victimes quoi qu’il arrive. La CSC a calculé qu’une indexation en net, appliquée en 2022 et en 2023, aurait coûté pas moins de 9,92 milliards d’euros (!) de pertes de recettes à la sécurité sociale et aux différents pouvoirs publics.