Le sommaire
Le saut d’index est l’outil par excellence brandi par le gouvernement «pour faire baisser les prix et maintenir la compétitivité des entreprises». La dernière fois que le gouvernement a imposé un saut d’index, c’était en 2015. Charles Michel était alors premier ministre. Une étude réalisée en 2019 par la Banque nationale a toutefois montré qu’une partie de l’objectif recherché n’avait pas été atteint. Une partie du gain réalisé a été utilisé par les entreprises pour majorer leurs marges bénéficiaires. Mais qu’est-ce réellement qu’un saut d’index? Thomas Greuse, conseiller au service d’études de la CSC, nous l’explique.
Propos recueillis par Bram Van Vaerenbergh
Avec un saut d’index, l’indexation est «mise en pause» pendant une période donnée. Pour le secteur public et les allocations sociales – où une indexation intervient lorsque l’indice pivot est dépassé - on va «sauter» une indexation. Pour la plupart des autres secteurs, où l’indexation intervient à un moment fixe, on soustrait 2% de l’indexation prévue.
Tout tourne toujours autour de trois facteurs: le travail, le capital et l’État. Si l’un des trois reçoit moins, les autres en profitent. La réduction de 21% à 6% de la TVA sur l’énergie en est un bon exemple. Dans ce cas, c’est l’État qui paie la facture mais cette baisse de la TVA ralentit l’inflation, et l’indexation intervient donc moins rapidement. De ce fait, l’argent n’arrive globalement pas dans les poches du travailleur mais reste dans celles de l’employeur, puisqu’il doit moins indexer. Au niveau des travailleurs, il y a toutefois des gagnants et des perdants. Plus la partie du revenu avec laquelle vous devez payer vos factures d’énergie est importante, plus il y a de chances que vous gagniez. Plus elle est faible, plus il y a de chances que vous perdiez.
«Plus vous êtes jeune au moment du saut d’index, plus vous allez perdre de revenu cumulé» - Thomas Greuse, conseiller au service d’études de la CSC.
Il est clair que vous recevez moins que ce à quoi vous aviez normalement droit. Cela reste un équilibre entre les facteurs travail, capital et État. Si vous recevez moins de salaire suite à un saut d’index, ce sont les entreprises et l’État qui en profitent. L’impact ne se limite pas à votre salaire actuel. Les indexations ultérieures seront aussi calculées sur un montant inférieur, avec des conséquences également pour d’éventuelles allocations sociales ultérieures. Imaginez que vous tombiez en incapacité de travail. Vos allocations sociales seront plus faibles puisqu’elles sont basées sur votre salaire antérieur. Votre pension sera également impactée. Moins votre salaire est élevé, moins vous constituez de droits de pension légale. Plus vous êtes jeune au moment du saut d’index, plus vous allez perdre de revenu cumulé.
Les extraits d’articles de ce dossier sont disponibles dans leur intégralité sur la plateforme digitale
du magazine des militants de la CSC, Syndicaliste:
www.syndicaliste.be
