Aucun accord interprofessionnel n’a été conclu quant au mécanisme d’indexation appliqué aux salaires du secteur privé. Ce mécanisme a fait l’objet d’une décision dans chaque commission paritaire.
Le pouvoir d’achat n’est donc pas protégé de la même manière
pour
tous.
Il existe deux grands mécanismes d’indexation des salaires dans le secteur privé. Pour 43,44% des travailleurs, une indexation suit après un dépassement de 1 ou 2% de l’indice pivot. Les salaires sont majorés de 1 ou 2% respectivement à ce moment précis.
Toutefois, pour plus de la moitié des travailleurs, l’indexation a lieu à un moment fixe: une fois par an pour la plupart, ou selon la commission paritaire, tous les semestres, trimestres, ou même tous les mois.
Aucun système d’indexation ne suit de près l’inflation. Premièrement, parce que l’indice santé exclut certains produits jugés nocifs pour la santé ou l’environnement: alcool, tabac, essence et diesel1. Deuxièmement, tous les ménages n’utilisent pas leurs revenus de la même manière. Par exemple, lorsque les prix de l’énergie augmentent sensiblement, les ménages pour qui cela représente une plus grande part de leur budget subissent des pertes importantes en cas d’indexation, car celle-ci s’opère sur la base de la consommation d’un ménage moyen.
Les travailleurs qui ne sont indexés qu’une fois par an ont subi des pertes de salaire substantielles ces deux dernières années.
Troisièmement, il y a un effet de décalage. Plus on attend pour indexer, plus la perte subie entretemps est élevée. En période de forte inflation – comme l’an dernier – les systèmes d’indexation qui prévoient une adaptation après le dépassement d’un indice pivot garantissent mieux le pouvoir d’achat que ceux qui prévoient une adaptation à un moment précis.
Les travailleurs du secteur privé, dont les salaires ne sont indexés qu’une fois par an, ont subi des pertes de salaire substantielles ces deux dernières années (voir tableau). Sans parler des travailleurs qui ne bénéficient guère, voire pas du tout, d’une indexation automatique… Il conviendrait donc d’élaborer un mécanisme d’indexation complémentaire au niveau interprofessionnel, applicable aux secteurs qui n’ont pas pris de dispositions.
1. L’adaptation des salaires à l’index est calculée sur la base de la moyenne de l’indice santé sur une période de quatre mois. Cet indice est lui-même calculé sur base d’un «panier» de quelque 500 produits et services qu’une famille utilise et consomme, duquel on a retiré des produits nocifs à la santé et les produits pétroliers. (Lire L’Info n°4, 2022)
2. Ce calcul repose sur un salaire/revenu de 3.300 euros brut/mois (environ le salaire médian en Belgique).
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