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L'essentiel

L'info n°0224/01/2025

Un nouveau départ ou une gueule de bois précoce?

Janvier est toujours le mois des bonnes résolutions. Mais 2025 sera-t-elle aussi l’année des bonnes perspectives? Nous entamons maintenant le septième mois des négociations gouvernementales fédérales. Pour ceux qui regardent la situation de l’extérieur, tout semble tourner en rond. Pourtant, nous semblons maintenant entrer dans une phase cruciale des négociations.

Maarten Gerard

D’après les informations dont nous disposons, des négociations sérieuses sont en cours sur les propositions socio-économiques. Ce qui n’est pas clair, cependant, c’est ce que ces négociations donneront exactement. Peut-être pas exactement ce que nous avons pu lire dans la presse depuis l’été, mais la question est de savoir si l’issue des négociations sera effectivement meilleure. Cela reste à voir. Les grandes lignes restent les mêmes: une limitation du chômage dans le temps, un durcissement de la politique pour les malades de longues durée, une flexibilité accrue du marché du travail, un durcissement des conditions de la pension dans les secteurs privé et public, et donc une réduction des pensions. Les perspectives ne sont donc pas du tout bonnes pour les travailleurs. Avec éventuellement des mesures «vexatoires» pour les syndicats en prime. Et nous ignorons encore ce qui nous attend en matière de lutte contre la pauvreté, de politique migratoire, etc.
Il n’est jamais facile de voir à quel point la politique et les médias individualisent facilement les évolutions sociétales et les normalisent pour ensuite sanctionner les citoyens de manière collective. Pensez aux conditions plus strictes pour la pension minimale, dont les femmes, qui interrompent plus leur carrière que les hommes, sont les victimes. Ou à l’attaque de Georges-Louis Bouchez contre ceux qu’il considère souvent comme des malades de longue durée abusifs. Les problèmes sociétaux sont réduits à des choix ou des problèmes individuels, dont les gens doivent eux-mêmes assumer les conséquences. Espérons que nos actions, chaque 13 du mois, ramèneront les négociateurs gouvernementaux à de meilleures dispositions.

Développements internationaux

Pour des nouvelles plus encourageantes, il ne faut pas se tourner vers les pays voisins. Avec leur gouvernement de droite, les Pays-Bas se replient de plus en plus. La France tire la jambe avec un nouveau gouvernement soumis aux caprices de la figure de proue de l’extrême droite, Marine Le Pen. L’Autriche passe le flambeau de la formation du gouvernement au parti d’extrême droite FPÖ. En Allemagne, on attend avec inquiétude de voir si le parti d’extrême droite AfD fera encore mieux que prévu lors des élections de février. Elon Musk, le gourou de la technologie, l’espère vraiment. Et Musk nous amène aux États-Unis, où Donald Trump est officiellement devenu président le 20 janvier 2025. Les messages en provenance des États-Unis laissent présager des différends commerciaux et une influence perfide du lobby technologique sur la politique intérieure et extérieure des États-Unis.
Au niveau européen, il reste à voir ce que la Commission européenne et le Conseil européen vont faire au cours de cette nouvelle période. Il faudra être extrêmement vigilant pour que l’idée de simplification administrative ne devienne pas un prétexte pour faire marche arrière en matière de réglementation au nom de la compétitivité. Avec des gouvernements de droite en formation partout, le Conseil européen penchera également davantage vers la droite. La Confédération européenne des syndicats (CES) a toutefois pu négocier un pacte pour le dialogue social européen avec les employeurs. Ce pacte doit encore faire l’objet d’une concertation avec la Commission européenne, mais devrait être finalisé en janvier. Il pourrait renforcer la voix des interlocuteurs sociaux au niveau européen. En juin, la Conférence internationale du travail prévoit de finaliser les discussions sur la protection contre les dangers biologiques au travail et de commencer celles sur le travail de plateformes. Ces sujets ne seront pas faciles à traiter. Les regards se tournent également vers le deuxième Sommet mondial pour le développement social des Nations unies, prévu en novembre. Le Sommet se tiendra, ironiquement, au Qatar, mais il offre l’occasion de relancer les Objectifs de développement durable (ODD) pour 2030 et au-delà. Non moins important, d’ici la fin de l’année, la Cour internationale de Justice aura probablement rendu son arrêt sur le droit de grève dans l’affaire intentée par l’Organisation internationale du travail (OIT). Selon la décision, les relations et les discussions pourraient à nouveau évoluer, bien que de manière plus limitée en Europe et dans notre propre pays.

Les grandes lignes des négociations en cours restent les mêmes, et les perspectives ne sont donc pas du tout bonnes pour les travailleurs.

Prémices aux négociations AIP

En attendant, nous devons nous préparer à des négociations complexes pour parvenir à un accord interprofessionnel (AIP). Avec ou sans gouvernement. Les consultations autour du cahier de revendications de la CSC sont en cours, tandis que nous attendons de voir ce que donnera la norme salariale. Il ne faut toutefois pas s’attendre à des miracles. La probabilité d’une norme de 0% est élevée, compte tenu des évolutions salariales dans les pays voisins et bien sûr des paramètres de la loi elle-même, qui n’a rien perdu de son logiciel truqué. La lutte contre la loi sur la norme salariale reste donc cruciale, sur tous les fronts. Nous espérons pouvoir conclure la procédure à ce sujet au Comité social européen cette année, bien qu’il faille probablement encore attendre longtemps pour une décision. Espérons que la décision sera une pierre supplémentaire qui aidera à faire couler la norme salariale. Mais nous n’y sommes pas encore. Les employeurs, par la voix de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), sont à nouveau occupés à dramatiser le handicap des coûts salariaux. Avec une norme de 0%, il n’y a pas de marge pour nous, mais il ne sera plus question de handicap, même selon les conditions de la loi elle-même.
Le processus semble à nouveau difficile. Des discussions sont en cours sur les règles d’ajustement de la CCT n°19 concernant l’intervention financière des employeurs dans les frais de déplacement des travailleurs. L’adaptation de la CCT n°17 sur le salaire de référence net pour le RCC, et de la CCT n°46, avec l’indemnité supplétive pour les prestations de nuit, à l’ajustement annuel standard des salaires conventionnels (l’évolution des salaires barémiques) est également bloquée. Concernant l’enveloppe bien-être, les progrès sont limités, même si les chiffres du Bureau du plan confirment la nécessité d’adaptations continues au bien-être.
L’ombre des négociations gouvernementales et des accords qui en découlent plane bien sûr sur les prochaines négociations AIP. Beaucoup de choses pourraient se clarifier dans l’accord de gouvernement, bien que cela ne rende pas les choses plus simples.

L’avenir de l’industrie

Les discussions au sein du Groupe des dix portent sur une recommandation pour l’avenir de l’industrie. Il reste à voir comment cela se concrétisera exactement. Le fil conducteur pour la CSC reste les 14 points pour une politique industrielle orientée vers l’avenir, tels qu’adoptés par le Conseil général. Jusqu’à présent, il semble que la plupart d’entre eux trouvent une place, mais l’ensemble doit encore se mettre en place. Et comme toujours, le diable se cache dans les détails. Une autre bonne nouvelle est l’adaptation de la CCT n°32bis qui a été approuvée fin décembre. L’adaptation renforce la procédure d’information en fournissant davantage de détails au repreneur et en permettant d’inviter ce dernier à venir se présenter aux travailleurs pour fournir des explications. Ce sont des petits pas, non négligeables, dans la bonne direction. Les discussions sur les modifications des procédures de restructuration se poursuivent également.
Le gouvernement en affaires courantes est sur la dernière ligne droite, mais il ne peut cesser complètement le travail. L’Inami a dû résoudre le budget lui-même, mais l’ajustement des allocations de chômage pour permettre aux demandeurs d’emploi de plus de 65 ans de conserver leur allocation nécessite une adaptation de l’arrêté royal. Avec le relèvement de l’âge de la pension à 66 ans en janvier, le temps presse, mais il semble y avoir peu de mouvement.


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