30.000 personnes ont manifesté dans les rues de Bruxelles pour exiger une pension décente et qui prenne en compte la pénibilité.
David Morelli
Le 13 janvier dernier, 30.000 manifestants ont bravé le froid et les difficultés de mobilité pour dire «Non» à l’attaque frontale contre les pensions que prépare le probable futur gouvernement Arizona. 30.000 personnes issues tant du secteur privé que public sont venues rappeler leur droit à une pension décente et exprimer leur refus de payer la facture des quelque 3 milliards d’économies que risque de leur soumettre la future coalition fédérale. Parmi ces travailleurs, de nombreux jeunes, comme Djefferson, 24 ans, travailleur dans une entreprise fabriquant des bâtiments modulables. «Dans mon travail, je suis amené à transporter des charges lourdes, à monter sur des échelles… Faire ce type de travail quand j’aurai 67 ans me semble compliqué. Les pensions, c’est important, et c’est un sujet de conversation fréquent avec mes collègues, peu importe l’âge. Il ne faut pas se laisser faire!», témoigne-t-il.
Les travailleurs des secteurs de la fonction publique risquent d’être particulièrement impactés par la note Arizona. Celle-ci envisage de raboter leurs pensions et, s’agissant des enseignants, de changer leur statut, ce qui ne sera pas sans conséquences sur les retraites. Une importante délégation de pompiers ouvrait d’ailleurs symboliquement la marche de l’immense foule de manifestants. «C’est un travail particulièrement exigeant sur le plan physique: notre durée de vie est raccourcie de sept à dix ans. Et le gouvernement nous demande de travailler encore plus longtemps, pour moins de pension, a expliqué Bert, pompier venu témoigner sur le podium installé devant le Palais de Justice. C’est un métier magnifique et nous le faisons avec plaisir. Mais il doit y avoir une contrepartie: le métier doit être valorisé. Et c’est ce qui nous fait cruellement défaut aujourd’hui».
Rose, une travailleuse des titres-services, a quant à elle rappelé dans son témoignage que le salaire médiocre des aides-ménagères et les conditions de travail parfois très difficiles – et souvent pénibles – rendaient inimaginable de devoir travailler jusque 65 ans. «Va-t-on devoir monter les escaliers des clients avec une tribune?», a-t-elle lancé à la foule.
30.000 personnes issues tant du secteur privé que public sont venues rappeler leur droit à une pension décente et exprimer leur refus de payer la facture des quelque 3 milliards d’économies…
Pour la présidente de la CSC, Ann Vermorgen, la menace que font planer les «cow-boys de l’Arizona» sur les pensions constituerait, si elle devait se confirmer, «la plus grande rupture de contrat de ce siècle!». Lors de sa prise de parole sur la Place Poelaert, elle a rappelé que «toute personne qui travaille un peu moins pour s’occuper de sa famille, qui a la malchance de tomber malade ou d’être au chômage, toute personne qui doit mettre fin prématurément à sa carrière sera fortement pénalisée au niveau de sa pension. [Et] les femmes seront encore plus fortement touchées.» La présidente de la CSC a conclu son intervention par un appel à la solidarité. «Qu’il s’agisse d’une pension de fonctionnaire ou d’employé, tout le monde a droit à une bonne pension! Ne les laissez pas vous monter les uns contre les autres, car c’est ce qu’ils vont essayer de faire!».
Regardez la vidéo d’Anne Léonard tournée lors de la manifestation pour les pensions du 13 janvier 2025:
le témoignage d'Anne Léonard
© Tim Dirven