«Étendre les heures d’ouverture des magasins, c’est dégrader des conditions de travail déjà mauvaises»
Parmi les mesures actuellement envisagées dans le cadre des négociations au niveau fédéral figurent la suppression de l’interdiction du travail du dimanche et le démarrage du travail de nuit à minuit au lieu de 20h. La CSC Alimentation et Services, la CNE Commerce, ACV-PULS Retail, ont interpellé les présidents de partis. Ces mesures seraient catastrophiques pour les travailleurs et le petit commerce.
Les négociateurs envisagent de supprimer l’interdiction de travailler le dimanche.
Aujourd’hui, les magasins qui ouvrent le dimanche réalisent du chiffre ce jour-là parce que les autres sont fermés. Si tous les commerces avaient la possibilité d’ouvrir le dimanche, l’avantage d’attirer les clients des magasins concurrents disparaîtrait. Les clients n’achèteraient pas plus parce que leur magasin ouvre plus souvent, ils étaleraient simplement leurs achats. Donc cela n’aurait pas d’impact sur le chiffre d’affaires du secteur et aucun emploi ne serait créé. Par ailleurs, la majorité des travailleurs qui prestent le dimanche ont des contrats précaires, mal payés, souvent des contrats étudiants ou des flexi jobistes. Il n’y a aucune raison que cela s’améliore.
Le commerce, secteur majoritairement féminin, souffre déjà de conditions de travail particulièrement difficiles. Les horaires variables, les journées qui se terminent tard, les rares samedis de repos, et la flexibilité rendent la conciliation entre vie professionnelle et vie privée extrêmement compliquée. Ajouter des prestations les dimanches et étendre les heures d’ouverture en soirée ne ferait qu’aggraver cette situation. De plus, élargir les plages d’ouverture entraînerait une augmentation de la charge de travail, y compris pour assurer la logistique à partir des dépôts, alors qu’il manque déjà de personnel dans la majorité des enseignes. Avec un nombre de travailleurs constant, cela aboutirait à moins de personnel présent simultanément en magasin. Le secteur serait encore moins attractif dans un contexte où le recrutement est déjà difficile vu les mauvaises conditions de travail et les faibles salaires.
Le commerce, secteur majoritairement féminin, souffre déjà de conditions de travail particulièrement difficiles.
Les dérogations actuelles permettent à certains petits commerces – boulangeries, fleuristes, magasins de moins de 5 travailleurs notamment – d’ouvrir le dimanche. Si toutes les enseignes avaient cette possibilité, ces petits commerçants seraient directement menacés. Cette dynamique est déjà à l’œuvre avec la «franchisation» des magasins Mestdagh et Delhaize dont un nombre important, ouvrent le dimanche en se moquant ouvertement de la législation sociale. Ils créent une concurrence déloyale vis-à-vis des magasins qui respectent la loi. L’ouverture généralisée du commerce le dimanche aboutira à un transfert de chiffre d’affaires, où les grands acteurs écraseront définitivement les petits.
La CSC Alimentation et Services, la CNE commerce et l’ACV-Puls Retail alertent sur le désastre que de telles mesures causeraient aux travailleurs et travailleuses du secteur ainsi qu’à bon nombre de commerces.
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