Pour une approche structurelle de la pénibilité
Chaque année, la société de services RH Securex réalise un état des lieux des taux de maladie. Une nouvelle fois, les chiffres sont alarmants dans le secteur des titres-services. Pour la CSC Alimentation & Services (A&S), il est plus que temps d’investir dans la prévention et le bien-être dans ce secteur qui compte 150.000 travailleurs et travailleuses.
D. Mo.
«Chaque jour, une aide-ménagère sur cinq est malade», titrait récemment la Gazet van Antwerpen. Une aide-ménagère sur dix est même en arrêt maladie depuis plus d’un an. Ces chiffres ne surprennent pas les syndicats. Différentes études montrent que le travail dans le secteur des titres de services (CP322.01) rend malade. Le taux de maladie y était de 20,2% en 2023. En comparaison, le taux de maladie total, tous secteurs confondus, était de 8,2% cette même année…
Si, selon Securex, les tâches physiquement pénibles ou la solitude dans le travail constituent des pistes pour expliquer ces chiffres, les syndicats estiment que plusieurs explications structurelles sont manquantes. En effet, plusieurs études sectorielles démontrent un lien direct entre l’ancienneté dans le secteur et les taux de maladie: les travailleurs ayant une faible ancienneté présentent moins d’affections que ceux ayant une ancienneté plus élevée, ce qui indique un lien entre la santé physique et le métier d’aide-ménagère1. Autrement dit, c’est le travail qui rend malade.
Les deux pathologies les plus courantes sont, d’une part, les troubles musculosquelettiques, causés entre autres par des équipements de travail trop peu ergonomiques, et, d’autre part, les troubles cutanés et les maladies pulmonaires causés par l’utilisation de produits de nettoyage nocifs. Les aides-ménagères sont 35 fois plus susceptibles de souffrir de troubles musculosquelettiques que la moyenne des autres secteurs. Différentes études scientifiques montrent le lien entre ces troubles et les conditions de travail. Elles suggèrent également des solutions, comme un meilleur contrôle par l’employeur des équipements de travail et des produits de nettoyage fournis par les clients. Il faut noter à cet égard que 90% des entreprises de titres-services ne respectent pas la législation sur le bien-être, comme l’a déjà souligné à plusieurs reprises l’Inspection sociale du contrôle du bien-être au travail.
Le travail dans le secteur des titres-services est de plus en plus souvent à l’origine de plaintes médicales et d’incapacités, avec un coût social énorme à la clé. Pour la CSC A&S, il n’est plus acceptable que les employeurs prennent la santé de leurs travailleurs à la légère. Les subsides que reçoit le secteur doivent être conditionnés au respect de la législation sur le bien-être et à une véritable politique de prévention.
Les syndicats appellent également à la mise en place d’un service de prévention sectoriel doté de moyens suffisants pour adopter une approche coordonnée et volontariste en matière d’investissement dans la prévention et la santé. Ils demandent l’application immédiate de l’avis de l’Inspection sociale: une analyse de risques obligatoire sur le lieu de travail, et une surveillance médicale structurelle des aides-ménagères.
Bref, il est grand temps que Federgon améliore leur situation plutôt que de continuer à distribuer l’argent aux actionnaires.
1. Extrait de l’étude «Travail faisable et maniable dans le secteur des TS», 2018, Idea Consult.
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90%
des entreprises de titres-services ne respectent pas la législation sur le bien-être.