En vertu de la loi sur la norme salariale, le secrétariat du Conseil central de l’économie (CCE) fixe une marge salariale de 0% pour 2025-2026. Pour les syndicats, cette loi, si elle n’est pas réformée, hypothèque les négociations en vue d’un accord interprofessionnel.
Cela fait des années que les syndicats se mobilisent contre cette loi injuste.
Après quatre ans de gel salarial, la Loi sur la norme salariale (LNS) empêche les travailleurs et travailleuses de récolter les fruits de la croissance économique pour deux années supplémentaires. Pourtant, la rentabilité des entreprises reste supérieure à sa moyenne historique, après avoir atteint un sommet en 2022. Cette moyenne élevée montre qu’il existe une marge d’augmentation salariale dans de nombreux secteurs. La loi les empêche toutefois de négocier des augmentations salariales qui suivent l’augmentation de la productivité.
De plus, le calcul de l’écart salarial entre la Belgique et les pays voisins est erroné. Dans la fixation du fameux «handicap du coût salarial», le CCE ne tient pas compte des réductions de cotisations patronales et des subventions salariales, mesures qui réduisent les coûts salariaux des employeurs. Si le calcul était effectué correctement, on verrait que la Belgique présentait, en 2023, un avantage salarial de 2,4% par rapport à ses voisins. Depuis 1996, les salaires belges ont suivi une croissance de 2,4% inférieure à l’évolution des salaires dans les pays voisins.
Pouvoir négocier une réelle marge permettrait d’apporter une bouffée d’oxygène aux travailleurs. En particulier ceux aux revenus les plus modestes, les plus affectés par l’augmentation des coûts de produits comme l’énergie, la nourriture et le logement, qui représentent une part plus importante de leurs dépenses.
Le fait que la Loi sur la norme salariale ne laisse aucune latitude pour des négociations salariales est regrettable car le marché du travail reste tendu. Normalement, cette tension devrait au minimum conduire à une amélioration des salaires pour les profils rares. Pour les syndicats, la conclusion est évidente: la loi doit être réformée, comme nous le demandons depuis 2017. Sans révision, la marge fictive, réduite à néant, hypothèque les négociations en vue d’un accord interprofessionnel car les employeurs n’ont même plus besoin de négocier pour atteindre leurs objectifs. Les travailleurs n’ont quant à eux aucune perspective, hormis une modération salariale sans fin.
© Donatienne Coppieters