Burnsen-Atlantic: la direction veut imposer son fonctionnement totalitaire
L’entreprise produit des chaudières et des ballons d’eau chaude.
Autoritarisme, menaces, provocations… les méthodes du management de la société Burnsen mettent la concertation sociale à mal et les travailleurs à bout.
David Morelli
Tout spécialiste des chaudières le sait: mettre trop de pression risque d’arrêter la machine. Il semble que la nouvelle direction du site de production Burnsen (Seneffe), mise en place après le rachat de cette société spécialisée dans le chauffage par le groupe Atlantic, oublie ces règles pour son personnel.
Selon le périodique syndical «Faut le Fer!»1, la direction aurait recouru, à l’occasion d’un long conflit social pendant l’été 2021, à des «mensonges, attaques personnelles, menaces…», refusé les propositions de conciliation et «ouvert la chasse à tout travailleur qui n’obéit pas aux ordres ou ne respecte pas à la lettre les avis et circulaires décidés et rédigés unilatéralement». La délégation syndicale CSC, majoritaire dans l’entreprise, n’a pas non plus été épargnée: «La direction a sorti une note qui fermait les robinets syndicaux, déclare Fabian Laduron, secrétaire régional ACV-CSC Metea. Aujourd’hui, les délégués (DS) ne peuvent plus aller voir un collègue dans l’entreprise pour exposer un problème ou poser des questions en lien avec des matières syndicales. La direction exige qu’une demande formelle lui soit déposée…»
En novembre, des négociations ont débuté sur la CCT 90 et les jours de fermeture collective dans l’entreprise, pour les employés et les ouvriers. Suite au refus de la CCT par les ouvriers, «la direction s’est attaquée aux DS. En cinq mois, ils ont reçu une quinzaine d’avertissements. Il y a aussi eu des licenciements. Celui d’un DS, en avril dernier, a été la goutte de trop, explique le secrétaire ACV-CSC Metea. Nous avons lancé des procédures auprès du tribunal du travail pour les contester et utilisons tous les recours légaux et juridiques pour faire avancer ces dossiers.»
Les travailleurs craignent des retombées s’ils dénoncent les pressions subies.
Dans ce climat délétère, DS et suppléants sont tombés en maladie les uns après les autres. La délégation syndicale étant déforcée, les travailleurs craignent des retombées s’ils dénoncent les pressions subies. «L’inspection nous a donné raison quand nous avons contesté le fait que la direction voulait imposer des jours de congés aux travailleurs. Elle continue pourtant à mettre une pression menaçante.»
Depuis mars, les demandes de recours à une commission paritaire (CP) pour envisager des solutions sont refusées par la direction ou restent sans réponse. «Dernièrement, la direction a avancé que nous ne respectons pas toutes les procédures de la conciliation alors que, depuis septembre 2021, nous avons régulièrement des réunions avec elle. Mais elle refuse de négocier. Elle veut juste imposer ses visions et son fonctionnement totalitaire. On a aussi l’impression qu’elle traine parce qu’elle sait que, sur certains points, elle va au-delà de ce que la législation permet. On en vient à se demander si elle ne cherche pas à mettre les travailleurs à bout pour provoquer une grève qui leur permettrait, en justifiant cyniquement un mauvais climat social sciemment installé, de transformer le site de production en centre logistique», conclut le secrétaire.
1. Périodique d’informations du comité fabrications métalliques de la CNE Hainaut, avril 2022 – retrouvez cet article dans l’app de L’Info.
© Photos : Fabian Laduron