«Nous nous sommes inspirés de la station polaire belge»
Face au bilan carbone médiocre des Lunch Garden, les délégués CSC du restaurant de Ghlin ont lancé en 2022 diverses initiatives en matière de durabilité et d’économies d’énergie. Malgré une faillite et une situation sociale tendue (lire encart), Mourad Aerab, un des acteurs syndicaux de ces avancées, espère que cette dynamique va perdurer.
Propos recueillis par David Morelli
«Avant la crise énergétique de 2022, la direction faisait peu de cas de la durabilité. L’évolution des règles européennes et un PDG sensible à cette thématique ont permis la mise en place d’une commission de durabilité. Composée de deux représentants de la CSC et de la direction, elle se réunissait tous les deux mois en dehors des heures de travail. Le cadastre des déchets qui a été réalisé a pointé, entre autres, la production considérable de déchets plastiques. En effet, les quelque 800 tonnes de moules que nous écoulons par an sont conditionnées en paquets plastiques de 10 kilos. Faites le calcul en matière de déchets… Après avoir réalisé des recherches, nous avons trouvé une société qui pouvait les recycler. Cette opération permet au groupe de gagner, frais de transports inclus, quelque 50.000 euros. Nous utilisions également tous les ans des centaines de milliers de maniques, à usage très court et unique. Il s’est avéré bien moins coûteux d’utiliser des maniques réutilisables en silicone. Enfin, un test avec une start-up bruxelloise utilisant des coquilles de moules pour produire des objets avait également été lancé. La faillite a malheureusement stoppé le projet.»
«Nous avons également constaté que nous ne faisions rien de l’énorme quantité d’eau chaude produite par les fours Rational utilisés par les restaurants du groupe. Nous avons donc lancé des tests pour utiliser cette eau dans un système de chauffage en circuit fermé, inspiré de celui de la station polaire belge princesse Elisabeth. Suite à la faillite, le projet est actuellement entre parenthèses, dans l’attente de la création d’une nouvelle commission. Des panneaux photovoltaïques ont également été installés dans certains restaurants, ainsi que des systèmes de détection automatiques pour allumer/éteindre la lumière dans des locaux. Enfin, nous souhaiterions aussi diminuer la quantité très importante de papier utilisée tous les jours dans les restaurants.»
Faites le calcul en matière de déchets… Après avoir réalisé des recherches, nous avons trouvé une société qui pouvait les recycler. Cette opération permet au groupe de gagner, frais de transports inclus, quelque 50.000 euros.
Les conditions de travail et de concertation se sont dégradées depuis la reprise en janvier dernier de 41 restaurants Lunch Garden (sur 62) par le groupe CIM Capital. Dans ce contexte, le licenciement d’une déléguée syndicale CSC a entrainé des actions dans les restaurants de Ghlin et de Jemappes. «Les nouveaux contrats sont ultra-précaires, dénonce Mourad Aerab. Les prestations sont annualisées (à lire dans L’Info n°10), certains travailleurs ont été descendus de catégorie, et il y a moins de sécurité sur le lieu de travail. Les contrats de travail mentionnent même que la fonction ne constitue plus un élément important! Je n’avais jamais lu cela auparavant. Cela signifie une flexibilité et une polyvalence totale de la part du personnel. Plus globalement, les repreneurs refusent d’appliquer la CP302 et la protection juridique à laquelle ont droit les délégués syndicaux. Cela contrevient à la législation! Nous négocions pour rectifier cela.»