Le gouvernement fédéral est en affaires courantes, les autres gouvernements prennent forme, et la concertation sociale se poursuit… avec des employeurs aux aguets.
Maarten Gerard (adapt. D.Mo.)
Que peuvent attendre les travailleurs d’un prochain gouvernement fédéral? La «super note» du formateur Bart De Wever semble annoncer un désert aride, avec un démantèlement de la sécurité sociale et des droits des travailleurs, au profit d’une politique de flexibilité en faveur des employeurs. En ce moment, on ignore toutefois comment évolue cette note et ces idées.
Pendant ce temps, le gouvernement flamand s’est formé. Il demande la suppression du «Federal Learning Account», l’instrument dans lequel les employeurs doivent enregistrer les droits de formation de leurs travailleurs et les formations suivies. Cette demande particulièrement cynique – tout le monde insiste sur le besoin de formation – toucherait en premier lieu les travailleurs qui ne peuvent pas compter sur une offre de formation poussée de la part de leur employeur. Au Conseil national du travail (CNT), la CSC réfléchit à la manière d’affiner les modalités pour que cet outil, encore en développement, soit utile aux travailleurs et gérable pour les employeurs. Mais entretemps, les employeurs ont fait exploser cela, et se concentrent sur le lobbying.
Bien que le gouvernement fédéral soit en affaires courantes, certaines initiatives restent indispensables, comme la transposition de la directive pour des salaires minimum adéquats. Le projet de loi est prêt, mais sera-t-il possible d’arriver à une recommandation avec les employeurs au CNT pour mieux régler les négociations collectives et l’accès aux travailleurs?
Les discussions entre les interlocuteurs sociaux se poursuivent donc avec les employeurs… qui gardent un œil sur le prochain gouvernement, et essayent de jouer sur les deux tableaux.
Le Groupe des 10 a prévu d’orienter ses prochaines discussions autour de la politique industrielle, vu le silence politique actuel en la matière. Mais lors de ces discussions, il faudra passer à l’analyse des vrais problèmes, en dépassant les reproches absurdes selon lesquels les difficultés de l’industrie ne sont qu’un problème de coût salarial et de revendications syndicales disproportionnées. Parmi les problèmes à traiter, l’absence de cadre européen, tant pour les investissements que pour l’autonomie, ou encore la nécessité de renforcer les compétences et de mener une politique d’innovation plus ciblée, avec une attention accrue pour la transition climatique.
Le CNT poursuit également ses travaux sur les restructurations, afin de voir comment mieux impliquer les sous-traitants dans la procédure de la Loi Renault. Il faut également resserrer la période et le mode de licenciement, afin d’empêcher les employeurs de contourner la procédure de licenciement collectif.
Concernant la concrétisation de l’enveloppe bien-être (que le formateur entend supprimer en grande partie), les syndicats ont transmis leur avis au gouvernement (à lire dans L’Info n°16). Les employeurs, eux aussi, ont réagi: ils estiment que le calcul doit être revu, et qu’il doit être possible de faire des économies sur l’enveloppe bien-être. Il sera très difficile de concrétiser l’enveloppe dans les délais… et même sa concrétisation en tant que telle n’est pas garantie.
Les projets du formateur De Wever semblent dangereux pour la sécurité sociale et les droits des travailleurs.
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