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L'info n°1626/09/2025

LOUVAIN-LA-NEUVE

Les travailleurs de Zoetis obtiennent une prime... et le respect

À l’issue de cinq jours de grève, l’unité et la solidarité en front commun des travailleurs de Zoetis Louvain-la-Neuve ont été payantes.

David Morelli


Une première grève exemplaire qui a porté ses fruits chez Zoetis.

Cela faisait deux ans que la direction de Zoetis, groupe américain de pharma vétérinaire qui dispose d’un site à Louvain-la-Neuve, promettait une CCT 90, une convention qui permet aux travailleurs de recevoir une prime en fonction d’objectifs de productivité ou de résultats financiers.

Mais une entreprise qui ne propose à ses 550 travailleurs qu’une cafétéria de 72 places, qui décide de baisser de 140.000 euros l’enveloppe consacrée aux avantages du personnel et qui supprime le cadeau de fin d’année ne donne pas aux travailleurs l’image d’une société en bonne santé financière. «Le discours véhiculé par l’employeur ne reflétait pas les résultats comptables réels, explique Aurore Joly, secrétaire régionale CSC bâtiment – énergie & industrie (CSCBIE). Le personnel était très mécontent lorsque les délégations syndicales ont communiqué les chiffres issus de l’information économique et financière: un bénéfice net de 746 millions d’euros et le partage par 11 membres de la direction d’une prime de 801.000 euros en plus de leur salaire. Rien n’était prévu pour les travailleurs en reconnaissance de leur contribution à ces résultats record». 

L’assemblée du personnel qui a été organisée dans la foulé a rassemblé plus de 250 personnes, ouvriers et employés. La grève a été votée à 90% des voix. Les travailleurs réclamaient une prime de production versée dès 2026 et une négociation sérieuse de la CCT 90 pour 2027, afin que les bénéfices soient enfin partagés de manière équitable.

Un symbole important


«Pendant cinq jours, les délégués syndicaux ont, en front commun CSC-FGTB, fantastiquement géré le piquet et le rapport de force avec la direction, notamment lorsqu’elle a appelé les huissiers pour intimider les grévistes»
, se réjouit Aurore Joly. Cette mobilisation massive et déterminée a abouti à une victoire pour les travailleurs: l’octroi de la prime bénéficiaire qu’ils réclamaient et l’obtention d’une CCT 90 basée sur des critères collectifs et atteignables.

La direction a également pris l’engagement – signé – d’améliorer le dialogue social au niveau de l’entreprise et a accepté de discuter de la réintroduction éventuelle d’avantages qui avaient été supprimés précédemment, comme le cadeau de fin d’année.

«Ce dernier point, s’il peut sembler symbolique, est pourtant important pour la dignité et le respect des travailleurs à qui la direction enlevait des avantages alors qu’elle se partageait une prime», conclut la secrétaire régionale CSCBIE.

Malgré des résultats record de l’entreprise, rien n’était prévu pour récompenser les travailleurs!


© CSC A&S