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L'info n°1106/06/2025

Réforme du chômage: une décision incompréhensible et simpliste

La CSC réagit à la mise en œuvre progressive de la réforme du chômage présentée dans la loi programme.

D.Mo.

Le Conseil des ministres restreint a dégagé un accord sur la mise en œuvre de la limitation des allocations de chômage dans le temps, un des points majeurs de la loi-programme. Le contenu de ce fétiche politique ne tient pas la route, et sa praticabilité posera d’énormes problèmes. Les demandeurs d’emploi et le marché du travail en paieront le prix fort. Le timing tel qu’il a été adapté (voir encart) reste très serré. Les demandeurs d’emploi pourront-ils être informés à temps de leurs droits et bénéficier du soutien nécessaire?

Raisonnement simpliste

Pour Koen Meesters, secrétaire national de la CSC, «cette décision est incompréhensible. La plus grosse “économie” de l’accord est supportée par les chômeurs, de manière encore plus importante que ce qui était prévu initialement. On les sanctionne, tant au niveau de la durée de protection que de l’allocation proprement dite. Quant à l’exception pour les plus de 55 ans, les conditions de carrière sont tellement strictes que c’est une boîte vide. Avec la dégressivité accrue, les revenus les plus élevés bénéficieront d’une petite augmentation de l’allocation, mais celle-ci sera globalement moins élevée pour la majorité des citoyens. Le raisonnement simpliste, qui ne repose sur aucune preuve scientifique, au contraire, consiste à dire qu’en privant les chômeurs de leur allocation, ils chercheront et trouveront plus rapidement un emploi. La responsabilité repose entièrement sur le demandeur d’emploi. On n’incrimine pas les employeurs qui ne prévoient pas de travail adapté».

Où est «l’offre d’emploi ultime»?


«Les demandeurs d’emploi de longue durée sont souvent des personnes souffrant d’un handicap professionnel, de problèmes physiques ou psychiques et qui ont respecté les obligations qui leur étaient imposées,
constate Koen Meesters. C’est bien beau de dire qu’on veut mettre plus de personnes au travail, mais si on ne les accompagne plus dans la recherche d’un emploi, si on ne leur permet plus de suivre une formation plus longue ou si on ne leur offre plus d’opportunités, ils ne trouveront pas d’emploi. Au final, on aura uniquement organisé une opération de transfert vers l’assurance maladie et vers les CPAS. L’accord de gouvernement promettait en outre une “offre d’emploi ultime” aux demandeurs d’emploi sur le point de perdre leur allocation. Mais cette promesse reste lettre morte. Heureusement, il reste l’allocation de garantie de revenu. Toucher à cette allocation aurait été absurde.»

Le gouvernement estime qu’un tiers des demandeurs d’emploi qui vont perdre leur allocation ira frapper à la porte des CPAS. Une proportion sans doute largement sous-estimée. «Même si des budgets supplémentaires sont prévus, les CPAS vont crouler sous le travail supplémentaire et les profils nécessaires ne sont pas disponibles. Or, les citoyens doivent avoir un revenu. Aujourd’hui déjà, nous constatons une énorme incertitude et une peur chez les demandeurs d’emploi», s’inquiète Koen Meesters.

Cette décision est incompréhensible. La plus grosse “économie” de l’accord est supportée par les chômeurs, de manière encore plus importante que ce qui était prévu initialement…"

Phasage des exclusions


• 1er janvier 2026:
Application pour les personnes au chômage depuis plus de 20 ans.

• 1er mars 2026: Extension aux personnes au chômage depuis plus de 8 ans.

• 1er avril 2026: Application pour les personnes au chômage depuis moins de 8 ans..


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