Le geste courageux de deux délégués sauve 120 emplois chez Alysse food
Deux délégués de la CSC ont sacrifié leur emploi pour permettre d’en sauver 120.
Les travailleurs ont levé le piquet de grève suite à cette décision.
Le 15 mai dernier, l'entreprise Alysse Food a annoncé son intention d'opérer un licenciement collectif concernant 92 travailleurs sur les 210 du site de Seneffe. La procédure Renault a suivi son cours normalement jusqu'à ce que les travailleurs débutent une action de grève le 15 septembre, considérant que les conditions de départ proposées par la direction n'étaient pas suffisantes (à lire dans L’Info n°16).
Aucune avancée n'étant constatée après plus de deux semaines de mobilisation, les organisations syndicales ont demandé en front commun la tenue d'une conciliation. À l'issue de celle-ci, une série de points ont été réglés. Deux problèmes restaient à l'agenda: la valorisation de la période intérimaire - parfois très longue - dans le cadre du calcul de la prime de départ et la représentativité syndicale dans l'entreprise à l'issue de la procédure de licenciement collectif pour raisons économiques. «L'entreprise voulait profiter de la procédure pour faire un nettoyage et se débarrasser des délégués syndicaux qu'elle jugeait les plus dérangeants, explique Olivier Buyse, Secrétaire Permanent CSC Alimentation et Services. Deux délégués de la CSC étaient particulièrement visés: des délégués ayant obtenu beaucoup de voix lors des dernières élections sociales, défendant leurs collègues avec acharnement et ne se laissant pas intimider par la direction.»
Le 7 octobre, le groupe Roullier, propriétaire de l'entreprise, a annoncé son intention de liquider l'entreprise. Raison invoquée: le refus de la CSC de lever la protection des deux délégués concernés. Pour rappel, les représentants syndicaux bénéficient en principe d’une protection dans leur rôle. «La direction était prête à sacrifier une entreprise et les 120 emplois restants pour un règlement de compte!», déplore le secrétaire permanent. «Tous les travailleurs ont eu l'opportunité de se prononcer sur leur volonté de rester ou non dans l'entreprise. Ces deux délégués, eux, n'ont pas eu le choix… et ils ont finalement décidé de quitter l'entreprise afin de sauver les emplois et octroyer des conditions de départ correctes à leurs collègues.»
Le piquet de grève a été levé le 8 octobre, après trois semaines et demies de mobilisation. «Nous allons voir maintenant si l'entreprise assurera un avenir correct aux travailleurs qui restent dans l'entreprise», conclut M. Buyse.
Tous les travailleurs ont eu l'opportunité de se prononcer sur leur volonté de rester ou non dans l'entreprise. Ces deux délégués, eux, n'ont pas eu le choix…"
© CSC A&S