Les nouvelles estimations du Service fédéral des pensions sont sans appel: les mesures du ministre Jambon entraîneront une perte moyenne de 318 euros par mois pour près de 30% des travailleurs. Un quart de leur pension s’envole, les plongeant souvent sous le seuil de pauvreté.
Le calcul du SFP, réalisé à la demande des interlocuteurs sociaux, évalue l’impact cumulé du malus, du plafonnement rétroactif des périodes assimilées à 20%, et de la condition des 5.000 jours prestés pour accéder à la pension minimum. Résultat: même ceux qui travaillent jusqu’à l’âge légal voient leur pension baisser.
Les femmes sont les premières victimes: 7 sur 10 des personnes touchées. Les pensions les plus basses sont aussi les plus affectées: 4 sur 10 parmi les 20% les plus faibles subissent une réduction. Ceux qui n’ont pas eu une carrière linéaire à temps plein – souvent pour cause de maladie, d’accident ou de temps partiel subi – paient le prix fort.
Le gouvernement prétend «revaloriser le travail effectif», mais pénalise aussi les longues carrières interrompues par des aléas de la vie. Des artistes, des accueillantes d’enfants, des personnes en reprise progressive du travail ou sous AGR risquent d’être laissés pour compte.
Pire encore, la réforme introduit des règles rétroactives, violant le principe de sécurité juridique. Et elle accentue les inégalités de genre, avec un risque de discrimination indirecte.
Enfin, l’argument budgétaire ne tient pas: l’équivalent de plus de la moitié des économies sur les pensions seront redistribuées aux employeurs.
Rien n’est garanti pour les générations futures, si ce n’est une pension plus basse. Déjà aujourd’hui, une pension ne représente que 48% du dernier salaire, un taux qui chutera encore de 9% d’ici 2070.
Ce 14 octobre, nous manifestons aussi pour des pensions justes et dignes.
Anne Léonard, secrétaire nationale
Les employeurs ne peuvent pas avoir le résultat des tests.