La généralisation du travail étudiant et en flexi-jobs coûtera 1,5 milliard d’euros à la sécurité sociale en 2029, soit la moitié des gains attendus de la réforme des pensions et des efforts demandés aux malades longue durée combinés. C’est la conclusion d’une étude menée par la CSC Alimentation et Services, la CNE et ACV Puls1.
D.Mo.
Un des axes majeurs du gouvernement Arizona est d’augmenter la flexibilité du travail. Pour ce faire, il a relevé le nombre d’heures permises en jobs d’étudiants à 650 heures par an. Il envisage également d’abaisser l’âge autorisé pour le travail étudiant à 15 ans sans exception, et de généraliser les flexi-jobs à l’ensemble des secteurs (tout en relevant le plafond fiscal exonéré à 18.000 euros). Cette augmentation de la flexibilité créera un trou de 1,5 milliard dans la sécurité sociale en 2029.
Tant le travail étudiant que les flexi-jobs donnent droit à des cotisations sociales réduites: les cotisations sociales personnelles sur les jobs d’étudiants sont de 2,71% et les cotisations sociales patronales de 5,2% (contre respectivement 13,92% et 24,92% pour les autres travailleurs). Aucune cotisation sociale personnelle n’est due sur le travail en flexi-job, mais il y a bien une cotisation sociale patronale qui a été relevée à 28% en 2024. Ces taux réduits de cotisations entraînent un manque à gagner important pour les caisses de la sécurité sociale.
L’étude réalisée par les trois centrales de la CSC montre que si la masse salariale des contrats étudiants (2 milliards d’euros) et des flexi-jobs (710 millions d’euros) étaient soumise aux taux de cotisation ordinaires ou intérimaires, la sécurité sociale récupérerait 664 millions d’euros (588 millions sur les contrats étudiants et 76 millions sur les flexi-jobs).
À la suite des mesures successives ayant favorisé ces contrats, les syndicats calculent que la masse financière de ces contrats a crû à un taux annuel moyen de 10% au cours des sept dernières années pour les étudiants et 45% pour les flexi-jobs. Si rien ne change, à évolution constante, le trou pour la sécurité sociale lié à ces contrats s’élèvera à 1,5 milliard d’euros en 2029, montant à comparer avec ce que devrait rapporter la réforme des pensions en 2029 ou les mesures touchant les malades de longue durée. Ce montant correspond à la moitié des gains attendus de la réforme des pensions (2,4 milliards d’euros) et des efforts demandés aux malades longue durée (485 millions d’euros) combinés. Autrement dit, le gouvernement Arizona creuse lui-même le trou qu’il prétend combler en baissant les pensions et en harcelant les malades! Par ailleurs, si on ajoute aux 1,5 milliard le milliard d’euros de réductions supplémentaires de cotisations patronales que le gouvernement prévoit, on parvient au montant de la réforme des pensions.
Steve Rosseel, président de CSC Alimentation et Services, conclut: «En fait, en généralisant le travail étudiant et les flexi-jobs, et en baissant davantage les cotisations patronales, le gouvernement crée un trou dans le budget de la sécurité sociale équivalent à ce que la réforme des pensions entend rapporter. Le gouvernement allume lui-même le feu qu’il prétend vouloir éteindre et diminue la qualité de vie des travailleurs. Nous devrons travailler plus longtemps, et de manière plus flexible, pour qu’au final, ce soient les futurs pensionnés qui paient les baisses de cotisations sociales qui profiteront aux employeurs».
Tant le travail étudiant que les flexi-jobs donnent droit à des cotisations sociales réduites.
1. La CNE et ACV Puls sont les centrales de la CSC responsables des employés, respectivement francophones et néerlandophones, NDLR.
© Shutterstock