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L'info n°0421/02/2025


En vert, les commentaires de la CSC concernant les mesures annoncées.




Ce que signifie l’accord de gouvernement

Pour la carrière des travailleurs

Pas de frein à la durée du travail

L’interdiction du travail de nuit et des jours de fermeture est supprimée. Désormais, la «nuit» ne commence pas à 20 heures dans le secteur de la distribution et les secteurs connexes, mais à minuit. Les primes pour le travail de nuit ne commenceront donc à compter que quatre heures plus tard et seront donc moins élevées. Il n’est également désormais plus obligatoire que la durée minimale du travail représente au minimum 1/3 d’un horaire à temps plein.


L’abandon de la durée minimale du travail et l’autorisation générale de l’annualisation du temps de travail ouvrent pleinement la voie aux contrats à l’appel, même si le gouvernement prétend que ce n’est pas l’objectif. Le travailleur n’a plus de sécurité sur son volume de travail pour le futur. Rappelons que l’assouplissement du travail de nuit, des heures d’ouverture… a un impact négatif sur la santé des travailleurs (à lire dans
L’Info n°1).

Élargissement des statuts flexibles

Les «flexi-jobs» sont revalorisés, avec un nouveau revenu maximum de 18.000 euros par an. Les étudiants ont désormais la possibilité de travailler à partir de 15 ans, au tarif avantageux des cotisations de solidarité. Le nombre d'heures qu'ils peuvent prester est porté à 650 heures par an, et le plafond du revenu net autorisé pour rester à charge des parents est relevé à 12.000 euros. En outre, le gouvernement autorise jusqu'à 360 «heures supplémentaires volontaires» – et même jusqu’à 450 pour le secteur de l’hôtellerie et de la restauration – au lieu de la limite actuelle de 100. Cela équivaut à un jour de travail supplémentaire par semaine. Ces mesures traduisent une forte flexibilisation du travail. Les syndicats craignent que davantage de personnes travaillent dans le cadre de contrats précaires.


En renforçant les systèmes où l’on ne paie (pratiquement) pas de cotisations sociales, on réduit les recettes de la sécurité sociale. En renforçant le volume de travail pour ceux qui travaillent déjà, on limite les opportunités d’emploi pour ceux qui ne travaillent pas. Ces mesures qui incitent à travailler davantage augmentent le risque que des travailleurs tombent malades. D’autant plus que, pour les heures supplémentaires, le caractère volontaire est souvent inexistant. L’accord de gouvernement comporte toutefois un élément positif: il promet de lutter contre les abus relatifs aux contrats journaliers et prévoit un cadre pour les clauses de non-débauchage dans le travail intérimaire.

Fin de carrière

L’accord du gouvernement marque la fin du régime de chômage avec complément d’entreprise (RCC, anciennement prépension), à l’exception du RCC médical ou si une déclaration d’intention de licenciement collectif ou de restructuration a eu lieu avant la date de l’accord de gouvernement. Les emplois de fin de carrière sont maintenus, mais les conditions de carrière sont durcies: 30 ans en 2025 – avec au moins 156 jours prestés chaque année – et 35 ans en 2030. Enfin, les RCC et les emplois de fin de carrière sont assimilés à un salaire fictif inférieur pour la pension à partir de la date de l’accord de gouvernement.


Ces mesures portent atteinte à des CCT en cours, qui sont d’application jusqu’en juin 2025. Quid si le licenciement RCC a déjà été notifié? Quelle est la valeur de la «date de l’accord de gouvernement»? Toutes ces mesures ne feront qu’accroître le nombre de personnes en incapacité de travail.

Régimes de congé et travail faisable

Instauration d’un crédit familial, en concertation avec les interlocuteurs sociaux, et d’un congé parental pour les parents d’accueil. Cet élargissement est positif, mais son impact sur le crédit-temps reste incertain, d’autant que cette mesure se limite exclusivement aux enfants. Le travailleur peut démissionner une fois dans sa carrière, s’il a effectivement travaillé pendant au moins dix ans avec droit au chômage pendant une période limitée à six mois (prolongeable de 6 mois si le travailleur concerné suit une formation pour une profession en pénurie de main-d’œuvre).


Cette mesure peut offrir une issue, mais fait porter le coût de la réorientation sur la sécurité sociale.

Enfin, le droit individuel à la formation devient partiellement collectif, à l’exclusion des étudiants, des travailleurs saisonniers et des flexi-jobs, et les PME en restent dispensées. Le Federal Learning Account (FLA), qui vient d’être mis en place, est supprimé. La limitation des droits de formation est très problématique. Sans l’enregistrement des droits de formation (tel que prévu par le FLA), il n’est pas possible d’en garantir le caractère contraignant ni d’en assurer le suivi.

Limitation de la protection contre le licenciement

La période d’essai est réintroduite: au cours des six premiers mois, le contrat de travail peut être résilié avec un préavis d’une semaine. La durée du préavis est quant à elle limitée à maximum 52 semaines pour les nouveaux recrutements. La réduction des périodes de préavis représente une économie pour les employeurs… et un coût supplémentaire pour la sécurité sociale. Les indemnités de protection, dues en cas de licenciement irrégulier, sont réduites. Les travailleurs sont les seuls perdants dans ce contexte.

"L’enveloppe bien-être permettait de réajuster les plus petites pensions. En la supprimant, de nombreux pensionnés risquent de tomber dans la pauvreté."
Michèle, militante CSC Seniors

Une absence totale d’équilibre

Moins pour les travailleurs, plus pour les entreprises


NÉGATIF

  • Blocage des salaires.
  • Réforme du droit du travail:
    - Davantage de statuts flexibles.
    - Pas de limite sur la durée maximale et minimale du travail.
    - Moins de protection contre le licenciement.
  • Réforme des pensions:
    - Allongement de la carrière.
    - Pensions moins élevées (malus, calcul de la carrière).
  • Réforme de la fin de carrière:
    - Suppression du régime de chômage avec complément d’entreprise (RCC, anciennement prépension).
    - Emplois de fin de carrière moins accessibles.
  • Réforme du chômage et de la maladie:
    - Perte directe de revenu (dégressivité, impôts, sanctions).
    - Moins de droits aux allocations.
  • Ce qui a empiré lors des négociations
    - Élargissement de la flexibilité (heures supplémentaires, horeca, travail des étudiants, etc.).
    - Pas d’élargissement de la taxe sur les comptes-titres.
    - Conditions de carrière plus strictes pour toutes les mesures.
    - Davantage de moyens pour les entreprises.

POSITIF

  • Travail intérimaire:
    - Possibilité de limiter davantage les contrats journaliers.
    - Cadre pour la clause de non-débauchage.
  • Mesures contre la fraude sociale:
    - Sanctions plus lourdes pour les entreprises et exclusion des avantages ONSS.
    - Attention pour certains groupes, comme le personnel des ambassades.
  • Mise en place du crédit familial:
    - Davantage de droits à des congés pour les parents.
    - Option pour un congé pour les grands-parents.
  • Réforme fiscale:
    - Augmentation des salaires nets (à partir de 2027) avec une attention pour les salaires sous la médiane.
    - Impôt sur les plus-values.
  • Protection des consommateurs:
    - Contrats d’énergie clairs.
    - Obligation d’offrir le tarif le plus avantageux pour les télécommunications.
  • Soins de santé:
    - Augmentation de l’accessibilité financière grâce au maximum à facturer, au système du tiers payant et au conventionnement. 
  •  Ajustements positifs lors des négociations
    - Maintien du calcul de l’index (pour l’instant).
    - Disparition de la non-indexation du revenu d’intégration et des allocations de chômage.
    - Maintien (partiel) de la dérogation à l’obligation de produire un certificat médical.
    - Atténuation des mesures à l’encontre des syndicats (personnalité juridique).
    - Disparition de l’imposition des primes syndicales.
    - Pas de durcissement immédiat de la pension minimale.
    - Limitation de la diminution du coefficient de correction pour une partie du secteur public.
    - Taux plus élevé pour l’impôt sur les plus-values (mais avec davantage d’exceptions).


© Paul corbeel