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L'info n°0909/05/2025

BRUXELLES

«Casser le chômage, c’est casser les travailleurs»

Le 24 avril dernier, des travailleurs avec et sans emploi de la CSC Bruxelles, des militants des services publics ainsi que de nombreuses organisations ont défilé pour dénoncer la réforme du chômage du gouvernement Arizona. Cette mesure limite les allocations de chômage à deux ans maximum. Une attaque contre les droits des chômeurs, que la CSC rejette en bloc.

Tom Meremans

Selon l’Onem, 100.000 à 320.000 personnes pourraient perdre leur allocation de chômage. Ces travailleurs, ayant pourtant souvent cotisé des années, risquent la précarité. Sans ce filet de sécurité, beaucoup devront compter sur une solidarité familiale fragile ou se retrouver sans ressources, aggravant leur appauvrissement. La CSC dénonce cette mesure qui punit les plus vulnérables dans un marché du travail déjà bien assez rude. Comme l’a déclaré Mustapha Azzizi, chef de service de la CSC Bruxelles: «Limiter les allocations dans le temps n’est pas une réforme technique. C’est un choix de société, une vision où la pauvreté est une punition et la précarité un outil politique.»

Car cette réforme fragilise non seulement les chômeurs, mais aussi les conditions de travail de tous. «Cette réforme veut faire du chômage une menace crédible pour ceux qui sont à l’emploi. Casser le chômage, c’est casser les travailleurs», insiste-t-il.

CPAS et services publics sous pression

Partie de l’Onem, la marche a traversé Bruxelles, passant devant plusieurs CPAS de Bruxelles ou encore Actiris. Un parcours symbolique pour donner la parole aux concernés.

La réforme va déborder sur les CPAS, déjà surchargés, qui s’attendent à un afflux de demandeurs privés d’allocations. Mais accompagner les chômeurs afin de chercher un emploi, ce n’est pas leur mission! Ce 24 avril, jour de grève nationale des CPAS, souligne leur incapacité à absorber ce choc. Les services publics et associatifs (missions locales, alphabétisation, formation) seront aussi touchés: moins de moyens, plus de pression, au détriment des chômeurs et des employés de ces secteurs. C’est tout l’écosystème de l’insertion socioprofessionnelle qui vacille. En limitant les allocations, le gouvernement poussera des chômeurs vers l’exclusion. Une question de priorités dénoncée par Lazaros Goulios, responsable du groupe des Travailleurs sans emploi de Bruxelles. «Pendant que 22 milliards d’euros de subsides sont versés aux entreprises sans obligation de créer des emplois, le gouvernement veut économiser deux milliards sur le dos des chômeurs. On ne peut pas laisser passer ça». Les syndicats et associations promettent une lutte acharnée, avec des recours au tribunal du travail et de nouvelles actions. Cette marche n’est qu’un début: face à l’injustice de la réforme Arizona, la mobilisation continue.

Pendant que 22 milliards d’euros de subsides sont versés aux entreprises sans obligation de créer des emplois, le gouvernement veut économiser deux milliards sur le dos des chômeurs."


© CSC Bruxelles