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L'info n°2105/12/2025

Ce sera soit le CPAS, soit la rue...

William, 23 ans, militant chez les Jeunes CSC de Liège, a reçu une lettre de l’Onem lui annonçant qu’il allait perdre son droit aux allocations d’insertion. L’Info l’a rencontré pour parler de cette période particulièrement incertaine.

Propos recueillis par M.-A. Calvagna et D. Morelli

Quel a été ton parcours ces deux dernières années?

Il y a deux ans, j’ai trouvé un job intérimaire après avoir terminé ma formation de fleuriste à l’IFAPME. Mais j’ai décidé de quitter ce travail, qui ne me plaisait pas du tout. À cette époque, j’ai dû partir de chez mon frère, où je vivais. J’ai donc sollicité le CPAS et, après deux évaluations positives au Forem, j’ai obtenu mes allocations d’insertion. Quand on rentre au Forem, ils te disent de chercher environ 300 emplois par mois. Je me suis acharné pendant des mois à chercher de l’emploi. J’ai envoyé des CV, appelé les entreprises pour les pousser, mais je n’ai pas eu de retour.

Comment as-tu vécu la réception du courrier?

J’étais stressé car je savais que j’allais le recevoir. À sa lecture, j’ai pris conscience qu’à partir du 1er janvier prochain, je pourrais ne plus avoir de sous pour payer mes factures et mon loyer. Ce sera soit le CPAS, soit rien du tout… et être à la rue. Je trouve ça injuste, parce que pour un jeune sans diplôme comme moi, c’est difficile de trouver un emploi en deux ans.

Je me suis acharné pendant des mois à chercher de l’emploi. J’ai envoyé des CV, appelé les entreprises pour les pousser, mais je n’ai pas eu de retour..

Quel type d’emploi pourrais-tu trouver d’ici le 31 décembre?

Il y a peu d’emplois disponibles et le fait que je n’aie pas de diplôme, d’expérience et de permis de conduire constitue un obstacle énorme. Mais pour passer le permis, il faut de l’argent… et je n’ai personne dans mon entourage ou dans ma famille qui puisse m’aider. Aujourd’hui, je suis prêt à prendre n’importe quel boulot qui ne nécessite ni diplôme ou expérience, un boulot que l’on peut apprendre sur le tas, pour pouvoir travailler assez rapidement. Ce seront sans doute des contrats courts, qui n’offrent pas beaucoup de perspectives… Accepter ce genre de travail précaire va peut-être m’aider à faire rentrer de l’argent… mais ça ne sera pas un boulot de rêve.

Est-ce que tu te sens assez informé sur ce qui va se passer maintenant que tu as reçu ton courrier?

Les réunions d’informations sur les allocations de chômage organisées par la CSC sont assez claires. Et pour la suite, il serait intéressant que quelqu’un puisse m’aider à rentrer les papiers au CPAS ou à compléter ce dossier. Je me sens un peu seul face à cette paperasse.

Comment envisages-tu l’avenir?

Je vis très mal cette situation et, honnêtement, je n’ai plus de motivation. Pour trouver du boulot, je voudrais recommencer des études en tant que peintre et carreleur. Le problème, c’est que les centres IFAPME exigent le Certificat d’étude de base (CEB) au minimum pour être chef d’entreprise. Mais je n’ai pas le CEB. J’ai également demandé à ma conseillère Forem de pouvoir suivre une formation dans le bâtiment. Malheureusement, ces formations sont prises d’assaut et sont toutes complètes du fait des mesures du gouvernement. Dès que j’aurai trouvé du boulot, je vais passer des diplômes et mon permis pour pouvoir trouver un emploi plus facilement dans le secteur dont je rêve. J’aimerais reprendre le métier de fleuriste, parce que c’est un métier de passion.


© Jeunes CSC, Bart Dewaele