L’orientation sexuelle relève de la vie privée de chaque personne. En démocratie, chacun devrait être libre de la vivre sereinement son orientation sexuelle. Pourtant, de nombreuses personnes LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles) doivent encore cacher leur préférence sexuelle ou leur identité de genre par peur des réactions négatives de leur famille et de leurs amis ou des éventuelles conséquences préjudiciables sur leur lieu de travail.
S’agissant des personnes transgenres par exemple, une étude de 2018(1) révèle que les discriminations au quotidien restent importantes. Si, aujourd’hui, plus de 70% des répondants indiquent vivre toujours, ou presque, suivant leur identité de genre (ils n’étaient que 50% en 2007), la moitié des répondants pointent, comme il y a 10 ans, le travail parmi les obstacles principaux. “Il y a des discriminations très importantes à l’embauche” explique Max Nisol, membre fondateur de l’association Genres Pluriels. “Nombre de situations proviennent du fait que beaucoup d’employeurs ne sont pas bien informés. Ils rechignent de ce fait à engager des personnes transgenres, surtout des personnes qui se féminisent. Cela aboutit à une double discrimination: être trans* et être considéré en tant que femme, avec les discriminations sexistes que cela peut supposer. Ces employeurs refusent l’engagement ou prétendent avoir trouvé quelqu’un d’autre.”
Le mégenrage est une discrimination condamnable par le droit du travail.
Mais les discriminations à l’encontre des LGBT+ ne s’arrêtent pas aux portes des bureaux et des usines: elles peuvent également se révéler en leurs murs. “L'homophobie au travail n'est pas assez prise au sérieux” constatait Patrick Charlier, directeur d’Unia, au vu du nombre record de dossiers ouverts dans son institution en 2019. Insultes ou “blagues” douteuses, refus d’avancement, déni de droits, exclusion des cercles de sociabilité et/ou des structures d’autorité et de pouvoir, refus d’aménagements raisonnables, pour les douches et les vestiaires, par exemple, licenciements… Le mégenrage, c’est-à-dire, le non-respect du genre de la personne en utilisant le “il” alors qu’elle souhaite être “elle” ou inversement, constitue une des formes de discrimination qui touche les personnes trans*, ou encore le refus, par des collègues ou l’employeur, d’utiliser le prénom choisi par la personne. “Le mégenrage est une discrimination condamnable par le droit du travail” explique Max Nisol. “Le non-respect par l’employeur de l’identité de genre de la personne a un impact sur la vie courante de la personne et accroit les risques de harcèlement et d’outing (2).” Le refus de modifier le prénom sans changer le genre sur la fiche de paie ou le refus de modifier l’identification des courriels ou des badges de sécurité constituent d’autres formes de discriminations auxquelles sont parfois confrontées les personnes trans*.
De nombreuses personnes LGBT+ sont victimes de discriminations au travail.
“Le harcèlement commence dès que la personne se sent mal par rapport à des propos, des remarques” explique Malika Borbouse, coordinatrice nationale du service “Diversité” de la CSC. “Si, malgré les demandes, les personnes ne s’arrêtent pas et ne respectent pas les limites, on entre clairement dans du harcèlement. Mais tout le monde n’ose pas exprimer ses limites… Les personnes qui subissent ce genre d’humiliation hésitent à témoigner sur ce qu’elles ont vécu.”
Heureusement, le droit du travail belge, un des plus protecteurs pour les personnes LGBT+, permet, selon le membre fondateur de Genres Pluriels, “de s’appuyer sur [lui] concernant les discriminations transphobes. Il y a un encadrement et une structure extrêmement précis.”
La première chose à faire pour une personne qui subit une discrimination, ou un harcèlement sur base de son orientation sexuelle ou de genre, c’est de la signaler, au niveau de l’entreprise, à la personne de confiance ou le conseiller en prévention psycho-sociale. Les délégués syndicaux ont également un rôle d’écoute et de soutien à jouer même si les tabous ou la méconnaissance du sujet leurs compliquent la tâche lorsqu’ils doivent faire respecter les droits des travailleurs LGBT+ en entreprise. “Ils doivent être outillés pour lutter contre les stéréotypes et les discriminations, pour combattre l’homophobie, la transphobie, l’hostilité, le rejet…” explique Malika. “La CSC défend tous les travailleurs et travailleuses”.
Et si les collègues de travail font parfois partie du problème, ils peuvent également faire partie de la solution lorsqu’un, ou une, collègue est en difficulté pour cause de discrimination par l’employeur. “J’ai déjà reçu des collègues de travail qui venaient en entretien individuel pour savoir comment mieux accompagner un ou une collègue trans* qui rencontrait des difficultés au travail. Contrairement à l’étiquette transphobe qui lui est parfois donnée, c’est dans le monde ouvrier que j’ai vécu mes plus belles expériences…” conclut Max Nisol.
(1) “Être une personne transgenre en Belgique, dix ans plus tard” Lien App
https://igvm-iefh.belgium.be/sites/default/files/118_-
(2) L'outing est le fait de révéler l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d'une personne sans son consentement ou contre sa volonté.
Service Diversité de la FEC-CSC: www.csc-diversite.be – 02 246 32 16 – diversite@acv-csc.be
Plateforme LGBT@work: La plateforme LGBT milite activement pour les droits des personnes LGBT+ dans le domaine de l’emploi
Plus d’infos: lgbt-at-work.be