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L'info n°0110/01/2025

Sommet climatique de Bakou: un accord très décevant!

Les sommets internationaux annuels sur le climat (Cop) jouent un rôle clé dans la lutte contre les effets croissants du changement climatique1. La Cop 29, qui s’est tenue à Bakou, a toutefois débuté sur une fausse note. Le pays hôte, l’Azerbaïdjan, a qualifié le pétrole et le gaz de «don de Dieu». Cette déclaration est en contradiction avec l’objectif de ces sommets: accélérer la réduction des émissions liées aux combustibles fossiles. Un nouvel accord a été conclu à Bakou sur le marché mondial du carbone, mais il permet toujours aux pays et aux entreprises d’esquiver la réduction de leurs émissions fossiles grâce à divers mécanismes.

Thomas Vael

Cette concertation sur le climat a été principalement placée sous le signe du renouvellement d’engagements financiers obligatoires pour un montant annuel beaucoup plus élevé du Fonds international pour le climat. En effet, l’accord qui engage les pays riches à fournir 100 milliards de dollars par an pour soutenir la lutte contre le changement climatique arrive à échéance en 2025. Les pays pauvres et vulnérables ont insisté sur la nécessité d’une augmentation substantielle de ce montant pour leur permettre de passer à l’énergie verte et de mieux s’armer contre l’intensification des catastrophes climatiques. Les climatologues estiment qu’il faudra au moins 1.300 milliards de dollars par an à partir de 2030 pour financer cet effort. Par ailleurs, la mise en place d’une transition juste pour les travailleurs vulnérables exigera plusieurs dizaines de milliards de dollars par an.

Le financement demeure cruellement insuffisant

Les négociations ont très peu progressé. Plusieurs délégations importantes de pays vulnérables ont quitté la concertation finale, en exprimant leur colère. Bien qu’un accord sur un texte final ait été laborieusement adopté in extremis, il a été largement éclipsé par un sentiment de pessimisme et de déception. Les pays riches ne se sont engagés à atteindre un financement de 300 milliards de dollars par an pour le Fonds pour le climat qu’à partir de 2035. Par ailleurs aucun engagement significatif n’a été pris pour accroître les investissements publics mondiaux pour éviter et limiter les catastrophes climatiques.
À l’instar de nombreux pays vulnérables, les représentants syndicaux présents, venus du monde entier, ont décidé de ne pas prendre de position officielle, exprimant ainsi leur mécontentement face à la faiblesse historique du processus et au résultat final de cette Cop. L’engagement de 300 milliards de dollars est sans aucun doute trop bas et arrive trop tard. Ces réticences à accorder le financement nécessaire compromettent en outre les avancées nécessaires dans le programme de travail sur la transition juste. De nombreux textes ont tout simplement été écartés, ignorant les risques et les conséquences climatiques que les travailleurs subissent déjà de plein fouet, en particulier dans les pays en développement.
Les délégations syndicales internationales ont donc directement redoublé la pression face à l’enjeu de la prochaine Cop 30 à Belém, au Brésil. Chaque pays doit y présenter son nouveau plan climat (Nationally Determined Contributions). Chacun de ces plans climatiques doit inclure des stratégies claires pour une transition juste, en accordant une attention particulière aux changements liés à l’emploi, à la protection sociale et l’implémentation sociale des mesures climatiques. Ces plans climatiques doivent impérativement s’appuyer sur un dialogue étroit avec les syndicats et les ONG.

À l’instar d’autres riches pays européens, la Belgique a contribué au malaise général, marqué par un manque d’engagement face aux besoins considérables de financement.

La Belgique donne le mauvais exemple

L’Union européenne (UE) était attendue comme le leader à Bakou, d’autant que le futur président Donald Trump a déjà annoncé son intention de retirer à nouveau les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Malheureusement, malgré l’appel de la Belgique au renforcement de la coopération internationale et du financement climatique au début du sommet, notre pays a brillé par son manque d’ambition lors des négociations.

Les gouvernements flamand et wallon n’ont pris aucune initiative pour que notre pays adopte une position européenne ambitieuse en matière de financement climatique. À l’instar d’autres riches pays européens, la Belgique a donc contribué au malaise général, marqué par un manque d’engagement face aux besoins considérables de financement.
Par ailleurs, 16 des 27 États membres de l’Union européenne, dont la Belgique, n’ont toujours pas présenté de nouveau plan climatique ambitieux. La Belgique continue de consacrer des milliards d’euros par an à des subventions aux combustibles fossiles.
Les négociateurs fédéraux envisagent même de réduire la contribution de la Belgique au financement international de la lutte contre le changement climatique. Les objectifs climatiques provisoires du plan climatique belge 2025-2030 demeurent une fois de plus un assemblage incohérent de plans régionaux. Ces ambitions ne répondent ni aux objectifs de l’Union européenne pour 2030, ni aux exigences du jugement rendu dans l’Affaire Climat. Les objectifs en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique sont également bien en deçà des attentes.

La Belgique vise une réduction de 13 mégatonnes de gaz à effet de serre d'ici 2030. Cet objectif est basé sur la mise en œuvre complète de la politique actuelle. Mais avec les nouveaux accords de coalition régionaux, cette perspective est encore plus improbable.

Le temps passe. L’année 2030 est une année charnière pour le réchauffement climatique. L’absence d’action nationale entraînera une hausse des prix du carbone. En effet, le système d’échange de quotas d’émission pour les bâtiments et les transports (ETS2) entrera en vigueur en 2027. Si la demande de combustibles fossiles ne diminue pas, leurs prix continueront d’augmenter dans notre vie quotidienne. Le prix des quotas d’émission nationaux, auquel les pays doivent racheter un éventuel déficit, vont également monter en flèche. Ce scénario s’annonce particulièrement sombre pour le budget belge, déjà confronté à des coupes claires.

Besoin d’engagements et de moyens

La CSC souligne une fois de plus l’urgence de l’appel de la coalition belge pour le climat pendant ce sommet: les nouveaux gouvernements flamand et wallon doivent prendre des engagements beaucoup plus contraignants, sous peine de suivre une trajectoire climatique totalement irresponsable dans les années à venir. Il reste à la Belgique trois mois pour introduire une nouvelle mouture du plan énergétique et climatique. La version précédente avait en effet été jugée totalement insuffisante par la Commission européenne. Nous appelons tous les gouvernements - y compris le futur gouvernement fédéral - à assumer davantage ses responsabilités et ce, de toute urgence. Il faut cesser de distribuer des cadeaux aux entreprises les plus polluantes de notre pays et présenter une politique climatique qui garantisse un avenir vivable à tous les Belges. Des moyens publics beaucoup plus importants doivent être consacrés à la recherche de solutions climatiques concrètes.

Pour la CSC, le premier recours au fonds social belge pour le climat début 2025 sera crucial. Par ailleurs, il ne s’agit que d’un premier pas vers des investissements massifs dans un avenir climatiquement neutre pour l’ensemble de la population, avec une meilleure qualité de vie et des emplois verts et qualitatifs. Si nous restons la lanterne rouge des pays européens prospères, comme c’est le cas actuellement, sans nous engager beaucoup plus fermement en faveur des pays en développement, les conséquences climatiques deviendront ingérables. Les solutions de la Belgique ne seront alors rien d’autre qu’un emplâtre sur une jambe de bois, tant sur le plan financier que sur le plan sociétal.

Chers ministres du climat nouvellement élus, pouvons-nous convenir que nous ferons mieux à Belém?


1 La principale réunion de ces négociations internationales sur le climat est la Cop, la Conférence des parties. Elle rassemble chaque année tous les pays qui ont ratifié le traité des Nations-Unies sur le climat. Cette conférence constitue le cadre principal où sont prises les décisions majeures. Elle se tient traditionnellement à la fin de l’année (en novembre ou décembre) dans un pays hôte qui s’est porté candidat pour l’accueillir.


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