Des préconsultations ont été organisées dans les provinces belges, en amont du congrès national, afin de faire remonter vers la CSC les questions, craintes, revendications et attentes des militantes et militants concernant six grandes thématiques. Retour sur ces moments d’émulation collective1.
David Morelli
Ensemble, on est plus forts et on a plus d’idées. Voilà en résumé le constat qui a fondé l’organisation des 11 préconsultations provinciales organisées entre novembre 2023 et mars 2024. Objectif: concrétiser le thème du congrès «Le travail à retravailler» dans le cadre d’un processus participatif, à travers les témoignages et propositions des nombreux militants présents.
«Depuis des années, les militants demandaient de changer cette méthode, dans laquelle ils se retrouvaient avec de longs textes, parfois difficiles à appréhender, et avec un formalisme dans lesquels ils ne trouvaient pas toujours leur compte», explique Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, à l’occasion du débat organisé à Mons en février dernier. Pour répondre à cette demande, le congrès change de formule: «il démarrera avec des propositions de thématiques à travailler dans les années à venir.
Les préconsultations provinciales visaient à définir ces thématiques».
Ces préconsultations ont donc été l’occasion pour des centaines de militants et militantes venus de tous les horizons sectoriels de faire entendre leur voix autour de six thèmes. Le temps d’une matinée ou d’une soirée, ils ont répondu à diverses questions permettant d’éclairer sous différents angles les thématiques proposées.
Que faut-il mettre en place pour pouvoir tenir le coup au travail plus longtemps? Qu’est-ce qui pourrait être mis en place pour améliorer les différentes dimensions de l’intégration des travailleurs atypiques dans l’action syndicale? Comment la représentation et la participation des travailleuses peuvent-elles être augmentées dans le cas de petites entreprises où la délégation syndicale n’est pas obligatoire? Le télétravail devrait-il être généralisé pour garantir une meilleure articulation entre travail et vie privée – et si oui, sous quelles conditions? Etc.
Réunis autour de grandes tables rondes, les militants, à travers leurs réponses, questionnements et témoignages, ont fait remonter les situations et difficultés qu’eux ou les travailleurs et travailleuses qu’ils représentent rencontrent dans leur entreprise, dans leur secteur et, plus largement, dans leur quotidien. Ils ont également pu évoquer les pistes de solutions et bonnes pratiques mises (ou à mettre) en place pour y remédier.
Les préconsultations provinciales ont permis d’interroger directement les militants CSC.
Pour la secrétaire générale, «ce que l’on fait dans ces préconsultations provinciales, c’est rassembler les idées et entendre ce que les militants considèrent comme de bonnes questions ou s’il y en a d’autres. Nous allons rassembler ce matériau-là. Nous allons produire un texte qui regroupe toutes ces idées. Ce ne sera pas quelque chose de trop long ni de trop technique. Les débats qui auront lieu durant les deux jours de congrès viendront confirmer la pertinence d’un travail autour de ces questions, et voir comment ces priorités seront déclinées. Ce congrès ne sera donc pas un moment où l’on décide de tout: c’est une ligne de départ plutôt qu’une ligne d’arrivée».
1. Citations recueillies par Tom Meremans et David Morelli lors des débats organisés à Bruxelles et à Mons.
11
préconsultations ont été organisées dans les différentes provinces de Belgique.
© David Morelli
«J’apprécie cette soirée car elle donne la parole aux acteurs de terrain. C’est comme ça qu’on sortira avec de bonnes résolutions et de bonnes pratiques. Quand on veut manger quelque chose de délicieux, on demande au cuisinier, pas au directeur du restaurant!»
«Si je peux amener des idées ou tout simplement des remarques pour faire évoluer la CSC, c’est un motif de de fierté. La CSC contribue à faire évoluer les choses. Il est important qu’elle reste à jour, parce que le monde du travail évolue constamment. Il faut continuer à se battre au jour le jour pour améliorer les conditions de travail et le bien-être des travailleurs en trouvant le juste milieu, le bon compromis.»
«Ces préconsultations permettent de rencontrer des personnes, de voir leur façon de penser et de pouvoir échanger. On découvre d’autres façons de travailler dont on pourra se servir dans son propre travail de délégué et amener de nouvelles idées. L’échange, c’est vraiment la clé.
J’attends du congrès des idées concrètes et un texte simple et compréhensible par tout le monde afin de pouvoir avancer concrètement.»
«Ce sont des problèmes vraiment primordiaux à l’heure actuelle qui sont mis sur la table, comme la pension à 67 ans. Je ne vois pas comment des travailleurs de blanchisseries comme moi pourraient travailler jusque 67 ans; et ce d’autant moins que certaines travailleuses n’auront pas de carrière complète parce qu’elles ont élevé leurs enfants. À l’issue du congrès, ces sujets devront constituer des priorités de travail pour la CSC.»