Audi: quelles possibilités de reconversion pour les travailleurs?
À l’issue des négociations sociales entre les syndicats et la direction d’Audi, le processus de reconversion professionnelle des travailleurs qui vont perdre leur emploi débutera. Focus sur les deux dispositifs qui existent, et pourraient co-exister chez Audi, dans le cadre d’un licenciement collectif: les cellules pour l’emploi (CPE) et les cellules de reconversion (CR).
David Morelli
Les CPE
et les CR accompagnent les travailleurs en vue d’un nouvel emploi.
Le CPE (dispositif fédéral) et les CR (dispositif spécifiquement wallon) poursuivent l’objectif commun d’aider les travailleurs licenciés collectivement à retrouver un emploi. Initialement, le type de dispositif de soutien mis en place pour les travailleurs licenciés collectivement est lié à la Région dans laquelle l’entreprise a son siège social. Sans entrer dans les détails législatifs, dans le cas d’Audi, bien que la totalité des travailleurs exerce uniquement à Bruxelles (et devraient donc être soutenue par une cellule pour l’emploi), la création d’une cellule de reconversion pour les travailleurs domiciliés en Wallonie est envisageable – et envisagée par les syndicats. Qu’est-ce qui les différencie?
Pour les travailleurs qui habitent à Bruxelles et en Flandre, l’employeur doit mettre en place une cellule pour l’emploi. Dans ce cadre, Actiris et le VDAB s’associent à des bureaux d’outplacement privés. Le financement de ces cellules est à la charge de l’entreprise qui opère le licenciement collectif. Les travailleurs licenciés ont l’obligation de s’inscrire à la CPE et de participer aux activités durant une période de 3 mois (pour les travailleurs de moins de 46 ans) ou 6 mois (s’ils ont plus de 46 ans). Ces cellules proposent un soutien individuel aux travailleurs via, entre autres, l’établissement d’un bilan personnel et professionnel, une aide à l’élaboration d’un plan de recherche d’emploi ou encore une aide logistique et administrative.
Le dispositif de reconversion des travailleurs domiciliés en Wallonie pourrait être, comme déjà évoqué, assuré par les cellules de reconversion plutôt que par une CPE. Ces CR sont gérées en partenariat par la CSC, la FGTB et le Forem et sont financées par la Région wallonne et des subsides européens. Elles peuvent être activées également dans le cadre d’une faillite. S’il propose une gamme de services globalement similaire à celle des CPE, le dispositif wallon présente certaines spécificités: une partie de la prise en charge a lieu en collectif, l’accompagnement peut durer jusqu’à 12 mois, l’accompagnateur est souvent un ancien délégué syndical, etc. Ce dispositif a montré son efficacité: en 2023, 75% des travailleurs ont retrouvé un emploi, dont 70% en CDI1.
Bien que porté par de bons résultats, les CR sont mises sous pression par le nouveau gouvernement wallon. En effet, la Déclaration de politique régionale 2024-2029 affirme sa volonté d’étudier la possibilité de sortir de ce modèle en mettant en place des cellules mixtes en partenariat des sociétés d’outplacement. «En plus de la tendance d’un gouvernement de droite à considérer que le privé fera mieux que le non-marchand, je pense qu’il y a également une volonté de s’attaquer (in)directement) aux syndicats, explique Nicolas Vandenhemel, conseiller au service d’études de la CSC. Ces deux points nous laissent à penser que les cellules de reconversion pourraient être mises sur la sellette alors que, jour après jour, elles démontrent leur utilité et leur pertinence, notamment en termes de réinsertion sur le marché de l’emploi».
Malgré ce contexte, on ne peut qu’espérer que le soutien qui sera apporté aux travailleurs d’Audi portera ses fruits.
En plus de la tendance d’un gouvernement de droite à considérer que le privé fera mieux que le non-marchand, je pense qu’il y a également une volonté de s’attaquer (in)directement) aux syndicats".
1 Source: Forem.
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