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L'info n°2105/12/2025

Allocations d’insertion:

les jeunes sanctionnés

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La réforme du chômage menée par le gouvernement Arizona contient des mesures qui durcissent les conditions d’accès aux allocations d’insertion. Les jeunes qui les touchaient en 2024, ou avant, ont reçu en septembre dernier un courrier de l’Onem leur annonçant leur exclusion des allocations d’insertion le 1er janvier prochain.

David Morelli

L’entrée sur le marché du travail est un moment charnière pour les jeunes. Pour ceux qui ont terminé leurs études, trouver un emploi de qualité, qui corresponde à ses aspirations professionnelles, peut prendre du temps. cette allocation d’insertionn vise à garantir aux jeunes un revenu pendant leur recherche d’emploi pour leur permettre de chercher un emploi dans de bonnes conditions. Avec le temps, les conditions d’accès à cette allocation d’insertionn sont devenues de plus en plus sévères. Avec la réforme du chômage déposée par l’Arizona, les jeunes diplômés devront attendre moins longtemps pour l’obtenir.
Cependant, elle sera limitée à un an maximum au lieu de trois ans actuellement, peu importe la situation familiale.

Durcissement des conditions d’accès

À partir du 1er mars 2026, l’accès aux allocations d’insertion sera conditionné à l’obtention d’un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur ou à un équivalent reconnu (une formation en alternance suivie avec succès, par exemple).

Pour les jeunes sans diplôme, aucune aide via le chômage ne sera disponible, sauf s’ils entament une formation dans un métier en pénurie avant le 1er janvier 2026 ou, après cette date, une formation menant à des métiers critiques dans les soins de santé (infirmier, aide-soignant).

Précarisation

Plutôt que de soutenir les jeunes, le gouvernement prévoit donc de les sanctionner encore un peu plus en leur retirant une partie de la protection sociale que garantissent les allocations d’insertion. Loin de les aider à se lancer dans leur carrière professionnelle, cette mesure va pousser ceux qui n’ont pas les capacités financières ou les soutiens familiaux suffisants à accepter n’importe quel emploi pour avoir un revenu. Cela pourrait freiner voire stopper net les ambitions de certains jeunes et les empêcher de réaliser leurs rêves.

De plus, en limitant les allocations d’insertion à une durée maximale d’un an, les Jeunes CSC craignent que davantage de jeunes doivent recourir au CPAS et s’éloignent du marché du travail. La limitation des allocations d’insertion à trois ans en 2015 avait pour objectif d’inciter les jeunes à trouver un emploi plus rapidement. Des études de l’UCLouvain et de la Banque nationale1 ont démontré que ce n’était pas aussi simple et que la mesure n’avait pas permis de remplir cet objectif. De plus, les jeunes sont davantage que les autres travailleurs confrontés aux contrats courts, à l’intérim, qui ne leur permettent pas de se projeter dans l’avenir, de construire une carrière professionnelle ni de fonder une famille.

Cette réforme risque donc d’accentuer la précarité chez les jeunes, en particulier chez les jeunes sans qualification, déjà plus vulnérables sur le marché du travail.

Pour les jeunes sans diplôme, aucune aide via le chômage ne sera disponible, sauf s’ils entament une formation dans un métier en pénurie...


1. Regards économiques, n°171, juin 2022.


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