Chaque jour, en Wallonie, des milliers de prestataires ALE assurent des missions indispensables dans nos écoles et nos communes. Ce travail essentiel au tissu local est cependant menacé par les réformes portées par le MR.
D.Mo.
De nombreuses activités utiles à la collectivité dépendent de travailleurs ALE.
Accueil des enfants, surveillance des repas, encadrement des activités extrascolaires, petits travaux, aide aux personnes… Pour 4,10 euros de l’heure, ces chômeurs de longue durée ou bénéficiaires du CPAS contribuent à la vie locale et permettent à des services publics sous-financés de tenir debout. Sans eux, beaucoup d’écoles ne pourraient offrir d’accueil avant et après les cours sans imposer des frais prohibitifs aux familles.
Ce dispositif, pensé comme une insertion socioprofessionnelle, repose sur une logique simple: offrir une activité utile à la collectivité à des personnes éloignées de l’emploi, tout en leur garantissant un complément de revenu. Mais la réforme fédérale du chômage portée par David Clarinval (MR) bouleverse cet équilibre. En limitant les allocations à 24 mois, elle menace directement la majorité des prestataires ALE qui perdront leurs droits et sortiront du système. Pour les cohabitants, exclus du revenu d’intégration, ce sera la précarité totale. À terme, ce sont des centaines d’écoles et de communes qui risquent de se retrouver sans personnel pour l’accueil extrascolaire ou les tâches de proximité.
Cette situation révèle une incohérence politique. Pierre-Yves Jeholet (MR), ministre wallon, présentait le mardi 25 novembre dernier aux députés membres de la Commission de l’Emploi et de la Formation du Parlement wallon un projet de décret permettant le maintien sous statut ALE des prestataires qui perdraient tout revenu de remplacement. Accusé par l’opposition de faire preuve de mépris à l’égard de ce public qui devrait continuer à travailler pour un salaire inférieur à tous les minima européens, il s’est défendu en ces termes: «Je n’ai jamais dit que les travailleurs ou travailleuses ALE n’étaient pas de vrais travailleurs ou de vraies travailleuses. C’est un vrai travail. Être dans les écoles le matin, le midi ou le soir, c’est un vrai travail. On peut avoir des appréciations différentes sur les dispositifs – c’est le cas aussi du travail étudiant, des flexi-jobs, et cetera –, mais peu importe les dispositifs, ce sont des travailleurs et des travailleuses à part entière qui y participent. Il faut tout de même bien se le dire.»
S’il s’agit d’un «vrai travail», pourquoi ces personnes sont-elles traitées comme des chômeurs et sanctionnées par la réforme fédérale? Pourquoi ne bénéficient-elles pas d’un statut qui les protège, avec des droits sociaux et une reconnaissance pleine et entière? La CSC, qui alerte depuis des mois sur ce risque, demande la reconnaissance des prestations ALE comme travail effectif, un cadre légal qui protège ces travailleurs contre la perte d’allocations et leur garantisse un revenu décent et une solution durable pour garantir la continuité des services publics essentiels.
La CSC demande la reconnaissance des prestations ALE comme travail effectif, un cadre légal qui protège ces travailleurs contre la perte d’allocations.
© Jean-Luc Flémal - Belpress.com