Le travail de nuit à partir de minuit: pertes et fracas
Le gouvernement Arizona souhaite faciliter le travail de nuit dans le secteur de la distribution et des secteurs connexes. Cela fera perdre jusqu’à 434 euros brut/mois aux ouvriers du commerce alimentaire.
D.Mo.
Le gouvernement prévoit de ne considérer comme travail de nuit que les heures prestées entre minuit et 6h du matin, contre 20h à 6h du matin actuellement. L’enjeu principal derrière ce changement concerne le versement des primes de nuit, qui ne devraient plus être versées pendant les quatre heures avant minuit. Le changement devrait a priori épargner les travailleurs existants et se concentrer sur les nouveaux travailleurs. Il reste encore un flou concernant la traduction juridique de cet accord, mais le risque d’une perte de pouvoir d’achat est bien là.
La CSC Alimentation et Services (A&S) a calculé les montants qui seraient perdus par les travailleurs de nuit si les heures avant minuit n’étaient plus comptées. Actuellement, un travailleur de nuit au salaire minimum dans un dépôt du commerce alimentaire gagne en moyenne 2.900 euros par mois, auxquels s’ajoutent 913 euros de primes de nuit (en comptant un horaire de travail de 22h à 6h du matin). Pour un tel travailleur, une non prise en compte des heures avant minuit lui fera perdre deux heures de primes de nuit lors de chaque nuit travaillée. Cela réduira sa prime de 913 à 685 euros par mois, soit une perte de 228 euros par mois.
5.600 €/an
C’est ce que risque de perdre un nouveau travailleur du commerce alimentaire.
Mais la plupart ont des salaires plus élevés. Pour un travailleur de nuit qui gagne 1.519 euros par mois de primes de nuit, ne pas prendre en compte les heures avant minuit diminuerait les primes de nuit à 1.085 euros, soit une perte de 434 euros par mois. Pour un nouveau travailleur de nuit dans le commerce alimentaire, le risque est donc une perte pouvant aller jusqu’à 434 euros par mois, soit à peu près 5.600 euros par an. «Les primes de nuit sont une compensation du fait que le travail de nuit est particulièrement difficile. Il déstructure la vie de famille et crée des problèmes de santé. Les études montrent même que les travailleurs de nuit développent plus de cancers1, explique Luc Debast, porte-parole de la CSC A&S pour le secteur du commerce alimentaire. Le gouvernement Arizona prétend vouloir rémunérer mieux ceux qui travaillent. Mais en réduisant les primes de nuit, il rémunère moins ceux qui ont un des métiers les plus lourds. En plus de cela, il va prolonger la loi qui interdit les hausses de salaire brut, au moins jusqu’en 2027. Il y a un fossé entre les discours et les actes. Nous demandons l’abandon du projet de réforme du travail de nuit».
1. À ce sujet, lire le dossier dans L’Info n°1, janvier 2025.
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