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L'info n°0818/04/2025

Un «Accord de Pâques» au goût amer

La CSC déplore le contenu de l’accord de Pâques conclu par le gouvernement fédéral. La limitation de la durée des allocations de chômage est une décision absurde. Pas moins de 120.000 demandeurs d’emploi perdront leurs allocations de chômage. Or, personne ne peut prouver que ces travailleurs et travailleuses retrouveront un emploi ni que le marché du travail s’améliorera grâce à cette limitation dans le temps. La décision de l’Arizona de limiter les allocations de chômage dans le temps passe à côté de l’essentiel: qu’en est-il du manque d’opportunités d’emploi?

Communiqué de presse CSC

Dans le même temps, les entreprises profitent de réductions de cotisations sociales, malgré un contexte budgétaire tendu. Selon le Bureau du Plan, une restriction des allocations de chômage à un an permettrait une économie de 2,5 milliards d’euros, et à deux ans environ 1,5 milliard. Il ne s’agit toutefois pas d’une économie, mais «d’un coup de pouce budgétaire». Les coûts des allocations de chômage diminuent effectivement, mais pas les coûts pour la société. Il est en effet probable que les demandeurs d’emploi exclus se tournent vers l’aide sociale ou les indemnités maladie, ce qui transfèrera la charge financière vers les autorités locales et d’autres régimes de sécurité sociale.

Reste la conviction pour de nombreux décideurs politiques que la limitation des allocations de chômage constitue l’incitant financier ultime pour amener plus rapidement les gens à travailler. Cette conviction va à l’encontre de toutes les recherches qui montrent que des sanctions au niveau des allocations ratent complètement leur cible, car le problème ne vient pas de l’incitant financier. Des analyses indiquent qu’une grande majorité des demandeurs d’emploi exclus ne sont pas en mesure de trouver un emploi rapidement. S’il existait une offre adéquate pour eux sur le marché du travail, ils seraient déjà au travail. Leur besoin de soutien et d’accompagnement vers l’emploi ne disparaît pas. Mais ce suivi devient plus complexe. Avec cette mesure, le risque est grand de perdre de vue une partie des demandeurs d’emploi, alors que l’enjeu pour les offices régionaux de l’emploi est justement de toucher un public plus large et de les accompagner vers le retour à l’emploi.

Limiter les allocations de chômage dans le temps revient aussi à nier la responsabilité des employeurs. Cela ne créera pas d’emplois convenables et ne fera pas disparaître la discrimination. Pour ce faire, une réelle politique s’impose. Tel est le défi que nos gouvernements (fédéral et régionaux) doivent relever. Nous devons construire un système qui permette à chaque travailleur de participer à part entière au marché du travail. Peu importe que ce soit dans le cadre d’un emploi de base, d’une offre dans l’économie sociale ou au sein d’un territoire zéro chômeur. De nombreuses études montrent qu’une politique active de l’emploi est non seulement moins coûteuse, mais aussi qu’elle soutient mieux le revenu des personnes, et surtout leur rend leur dignité.

Nous devons construire un système qui permette à chaque travailleur de participer à part entière au marché du travail.