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L'info n°1611/10/2024

La note De Wever devrait inverser la tendance à la baisse du taux de pauvreté

De récentes études révèlent une diminution notable de la pauvreté depuis 2018. Le nouveau gouvernement pourrait-il compromettre ces avancées? Wim Van Lancker, sociologue à l’Université de Louvain, détaille ses observations quant à l’évolution de la pauvreté en Belgique.

Simon Bellens

En 2017, 16,4% des Belges appartenaient à la population la plus pauvre. Entre 2018 et 2022, ce chiffre a chuté de 2,5 points de pourcentage, selon le sociologue Wim Van Lancker (KU Leuven). «Des dizaines de milliers de ménages bénéficient de revenus plus stables et d’un meilleur pouvoir d’achat. Notre pays est celui qui a enregistré la plus forte baisse. En Suède ou en France, la pauvreté a augmenté», détaille-t-il.

Ce résultat s’explique en partie par les mesures d’aide mises en place par le gouvernement Vivaldi pendant la pandémie de Covid-19, telles que l’extension du tarif social de l’énergie et les allocations de chômage temporaires. «Le système d’indexation automatique des salaires est également important mais force est de constater que la réduction de la pauvreté s’est poursuivie après ces crises».

Dans votre rapport, vous parlez d’une «rupture de tendance». Dans quelle mesure est-elle structurelle?


«La question reste ouverte. Les mesures d’aide ont été accompagnées d’interventions structurelles par le gouvernement Vivaldi, y compris pour les revenus faibles et moyens. Les CPAS ont reçu davantage de moyens. L’enveloppe bien-être fixée par les interlocuteurs sociaux a permis d’augmenter les allocations au-delà de l’indice. Certains minima, tels que les pensions et les salaires les plus bas, ont été revalorisés. Pour la première fois en 20 ans, il y a eu un choix politique clair de soutenir les revenus les plus modestes.»

L’augmentation des allocations s’accompagne-t-elle d’une hausse de l’emploi?


«Les responsables politiques pensent que l’aide est moins nécessaire lorsque l’emploi augmente. Or, nous constatons que l’emploi seul ne suffit pas à sortir les gens de la précarité. Pour que le niveau de vie s’améliore, il faut en même temps mieux protéger les revenus. La sécurité sociale ne s’oppose pas du tout à l’emploi. Au contraire, elle crée les conditions pour que la hausse de l’emploi se traduise par une plus grande prospérité.»

Les partis qui négocient pour former un gouvernement fédéral envisagent, entre autres, de réduire de moitié l’enveloppe bien-être et de limiter les allocations de chômage dans le temps. Qu’en pensez-vous?

«La baisse de la pauvreté résulte de la combinaison de l’emploi et d’une protection sociale forte. Les négociateurs souhaitent faire le contraire de ce que nos études empiriques suggèrent. J’espère qu’ils s’affranchiront de l’idée simpliste selon laquelle les dépenses de sécurité sociale sont de toute façon excessives.»

Les responsables politiques pensent que l’aide est moins nécessaire lorsque l’emploi augmente. Or, nous constatons que l’emploi seul ne suffit pas à sortir les gens de la précarité.

Nous approchons-nous progressivement d’un seuil plancher de la pauvreté en Belgique?


«Le taux de pauvreté est encore de 12,3%. Il peut certainement être réduit. Notre protection sociale peut également être améliorée. Par exemple, comment améliorer la combinaison d’une allocation et d’un salaire issu d’un emploi à temps partiel? Nous restons encore trop attachés à la dichotomie entre le travail et les allocations.»