La décarbonation du secteur de l’aviation constitue, à l’instar de celle de l’industrie (à lire dans L’Info n°6), un enjeu majeur de la transition. Comment une entreprise du secteur aéronautique comme Safran Aero Boosters vit-elle cette transition?
David Morelli
Safran Aero Boosters conçoit et produit des équipements pour les moteurs d’avion.
Safran Aero Boosters conçoit, développe et produit entre autres, des sous-ensembles et des équipements pour les moteurs des avions Airbus et Boeing. Comme toutes les entreprises du secteur aéronautique, le site de Milmort, près de Liège, a dû s’adapter aux exigences européennes visant à atteindre la neutralité carbone en 2050. «C’est par les évolutions technologiques que Safran tente de s’inscrire dans cette transition et d’atteindre un modèle acceptable où les émissions tendent vers le minimum», explique Jordan Atanasov, secrétaire principal de la CSC Metea de Liège. Cela passe par de nouvelles architectures de moteurs, des technologies hybrides, ou encore des carburants durables. «La transition se traduit, entre autres, dans la manière dont les moteurs sont conçus et dans les processus de fabrication afin d’utiliser, par exemple, des matériaux plus légers. Des panneaux photovoltaïques ont par ailleurs été installés sur les carpools du site liégeois ainsi qu’une éolienne.»
Pour les 1.500 travailleurs du site, la transformation ne semble pas être brutale. «La transition est progressive, et s’appuie en interne sur de la formation continue. Lorsque l’on parle de passage à un nouveau modèle, on pourrait craindre un décrochage des travailleurs. Ce n’est clairement pas le cas ici même si, à terme, des compétences techniques complémentaires seront sans doute nécessaires. La sélection des travailleurs sera certainement plus pointue dans certains domaines.»
À terme, les métiers des 453 ouvriers du site - des monteurs, des usineurs, des techniciens, des électromécaniciens – sont-ils amenés à changer? «Finalement, le métier ne varie pas vraiment dans son ensemble, répond le secrétaire CSC Metea. C’est plutôt dans ses aspects plus particuliers que la transition amène effectivement des évolutions, via de nouveaux modes d’organisation du travail par exemple, mais elles sont accompagnées et discutées lors des conseils d’entreprise.»
Si l’annonce de nouvelle normes européennes contraignantes en matière de carbone a pu faire naître des craintes parmi les industries et les travailleurs du secteur, ce dernier a, pour Jordan Atanasov, eu la volonté de tendre vers un nouveau modèle et de respecter les objectifs définis. «Tous les fabricants d’avions doivent faire un effort, quel que soit leur domaine: le moteur, le fuselage… de nouveaux matériaux sont utilisés et les processus de fabrication sont améliorés. Il n’est en effet pas question de faire des économies au détriment de la sécurité. Ce serait se tirer une balle dans le pied».
Et les sous-traitants de l’entreprise doivent suivre le mouvement: «On travaille avec une série d’autres acteurs pour la fourniture de certaines pièces spécifiques. Ils doivent respecter le cahier des charges qui leur est fourni.» Last but not least, le monde politique semble attentif à l’ancrage liégeois du secteur «Son soutien est indispensable car le nombre d’emploi en jeu est très important. Je pense que le politique a, tout comme le groupe Safran, une vision à long terme concernant notre secteur», conclut Jordan Atanasov.
© Jean-Luc Flémal/Belpress.com