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L'info n°1323/08/2024

Bruxelles

Quel avenir pour l’usine d’Audi?

Le 9 juillet dernier, lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire, Audi Brussels annonçait une proposition de restructuration de l’usine qui produit le modèle «Q8 e-tron». Si aucune alternative n’est trouvée, ce sont 3.000 emplois qui sont menacés.

David Morelli

La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre, à quelques jours de la pause estivale de l’usine bruxelloise: le constructeur automobile allemand envisage de licencier en trois phases les quelque 3.000 travailleurs employés sur le site. «On se doutait qu’il y aurait quelque chose, mais pas de cette façon: ils annoncent quasi la fermeture de l’usine, déclare Maurizio Sabatino, délégué principal ouvriers CSC chez Audi Brussels. La décision de produire le nouveau modèle de la Q8 e-tron au Mexique à partir de 2027 était connue depuis février, mais nous conservions l’espoir d’avoir un nouveau modèle à produire à Forest. Notre modèle devait continuer à être fabriqué jusqu’à la fin 2026. Il n’y aura pas de transition. En 2025, il n’y aura plus que 6.000 voitures à fabriquer. On ne tient pas une usine avec 6.000 voitures… On est dans l’inconnue».

Si, à la rentrée, la direction d’Audi devait confirmer l’arrêt anticipé de la production à Forest du SUV Q8 e-tron électrique, les conséquences sur l’emploi seraient dramatiques: 1.510 travailleurs pourraient être licenciés d’ici la fin octobre, puis 1.110 à partir du mois de mai prochain. Si cette dynamique se poursuit, fin 2025, tous les emplois risquent de disparaître. «La direction parle de restructuration, mais si nous étudions le plan mis sur la table lors du comité d’entreprise spécial, il parle bien de fermeture d’ici la fin de 2025. Ils déplacent la production de la Q8 au Mexique, et c’est le seul modèle que nous produisons actuellement à Forest», poursuit Maurizio Sabatino.

Quelles alternatives?

À l’heure où nous écrivons ces lignes – avant la réouverture du site –, plusieurs scénarios sont possibles: la production d’un nouveau modèle d’Audi ou d’un autre modèle du groupe Volkswagen, la production de composants tels que les batteries, ou la reprise par un autre constructeur automobile. «Nous espérons que le site pourra rester une usine d’assemblage de voitures afin de préserver autant d’emplois que possible».

Les travailleurs d’Audi ne sont pas les seuls à être désormais inquiets pour leur avenir: si l’hypothèse de la fermeture du site devait se confirmer, elle aura sans doute des conséquences importantes sur l’emploi et la pérennité de fournisseurs comme Imperial Logistics, Rhenus Logistics, Plastic Omnium, Mosolf ou encore Sesé, qui dépendent, plus ou moins largement, de l’activité de l’usine bruxelloise. Ce sont ainsi près de 1.000 emplois indirects qui pourraient être impactés par cette restructuration, sans compter l’effet domino sur des sociétés de sécurité, de catering ou de nettoyage actives sur le site de Forest.

«La direction parle de restructuration, mais si nous étudions le plan mis sur la table lors du comité d’entreprise spécial, il parle bien de fermeture d’ici la fin de 2025», poursuit Maurizio Sabatino.

Rentrée chaude

Le 16 juillet, la direction et les syndicats d’Audi Brussels ont été reçus l’un après l’autre au 16 rue de la Loi par le Premier ministre démissionnaire, le ministre de l’Emploi et des représentants du formateur du futur gouvernement fédéral Bart De Wever. Malheureusement, ils n’ont pu donner aucun éclaircissement sur les intentions de la direction d’Audi. Les pouvoirs publics auront un rôle important à jouer pour mettre la pression sur Audi afin de pérenniser le site et maintenir de l’emploi en Belgique.

Le conseil d’entreprise extraordinaire du 22 août devrait lancer la phase d’information de la procédure Renault, qui permettra aux syndicats de poser leurs questions sur la restructuration et de trouver des pistes vers l’assemblage d’un nouveau modèle. À l’occasion d’une assemblée générale des travailleurs qui a eu lieu le 20 août, les syndicats ont annoncé une manifestation en soutien aux travailleurs d’Audi le 16 septembre prochain. 


La première assemblée générale des travailleurs depuis l’annonce de la restructuration a eu lieu le 20 août devant le site d’Audi à Forest.