La Marche des Carrières a rassemblé plus de 120.000 personnes dans les rues de Bruxelles. Le gouvernement pourra-t-il rester sourd à cette mobilisation massive?
David Morelli
Le gouvernement avait promis des emplois plus soutenables et une augmentation du revenu disponible. Force est de constater que, pour les plus de 120.000 manifestants qui ont pu se déplacer pour battre le pavé bruxellois le 14 octobre dernier, le gouvernement Arizona est loin du compte. Les manifestants, venus des quatre coins de la Belgique, ont notamment réclamé des salaires plus équitables et des pensions plus justes.
Cette manifestation était indubitablement tournée vers l’avenir. Un «bloc jeunes», formé en début de cortège par les Jeunes CSC réunis avec les jeunes d’autres syndicats du Nord et du Sud du pays, en témoignait avec un message unanime. «En tant que jeunes syndicalistes, nous refusons le projet de société porté par le gouvernement Arizona qui méprise le monde du travail, la solidarité, et prétend agir pour l’avenir des jeunes. Ce que nous demandons, ce sont des politiques et des moyens ambitieux pour la jeunesse. Pourquoi? Parce que le gouvernement Arizona détruit l’avenir des jeunes!». Une vision que partagent les nombreux seniors qui, comme Michel, étaient présents sur le trajet pour interpeller le gouvernement. «Touche pas à la sécurité sociale! Nous sommes tous concernés par ces mesures. Il est indispensable de faire preuve de solidarité entre les travailleurs et les pensionnés actuels. Il est absolument immoral et impensable qu’on assiste à cette régression sociale si d’aventure les mesures du gouvernement étaient mises en œuvre», affirmait-il. Même son de cloche pour Jean Marc, ouvrier dans le secteur de la transformation du bois: «Nos arrière-arrière-grands-parents se sont battus pour des acquis que le gouvernement est en train de supprimer. Nous allons devoir travailler plus longtemps pour avoir moins de pension. Je suis aussi ici avec mes petits-enfants qui vont commencer à travailler: il faut se battre pour eux».
Le manque de respect du gouvernement envers les travailleurs est également pointé du doigt par de nombreux manifestants, parmi lesquels Koffi Augustin, ouvrier dans le secteur de l’alimentation. «Nous participons à l’économie, a-t-il rappelé, nous voulons être reconnus à notre juste valeur, faire en sorte qu’on puisse faire un travail faisable jusqu’à la pension, qui doit être décente. On demande des efforts aux gens, les efforts doivent être partagés». Romina, travailleuse dans la sidérurgie venue de Herstal pour l’occasion, lance quant à elle un appel aux ministres: «Qu’ils viennent passer une journée à l’usine. Ils constateront que la pénibilité, c’est autre chose que d’être assis derrière un bureau pour 10.000 euros par mois».
«Nous avions annoncé que nous nous mobiliserions pour que ça change, a déclaré Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC. Maintenant, nous disons: il faut que ça change! Du début à la fin de la carrière, nous avons des politiques qui ne sont pas équilibrées. Nous demandons un équilibre. Nous disons au gouvernement qui cherche des milliards d’euros qu’on ne peut pas décemment dire que l’on a un problème budgétaire lorsqu’on trouve en une nuit 35 milliards d’euros pour acheter du matériel militaire. Ce “deux poids deux mesures” est inacceptable».
Le manque de respect du gouvernement envers les travailleurs est également pointé du doigt par les manifestants.
© Bart Dewaele