Comme chaque année, le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, organisait sa journée d’action et de sensibilisation le 17 octobre à Namur. De nombreuses associations dont la CSC y ont participé pour rappeler une série de droits humains toujours plus mis en péril par les politiques: le logement, la santé, la sécurité sociale, le chômage, les pensions, l’alimentation de qualité…
Donatienne Coppieters
Faut-il le rappeler? La pauvreté existe bel et bien en Belgique. Elle est subie et n’est jamais un choix. Les coupes budgétaires réalisées par les différents gouvernements ne vont pas éradiquer la pauvreté, mais au contraire l’accentuer. Cette journée de lutte contre la pauvreté est une occasion d’écouter la parole de celles et ceux qui vivent la pauvreté au quotidien, pour qu’ils et elles puissent témoigner de leur vécu, de la débrouille mise en place pour survivre.
Les Travailleurs sans emploi (TSE) de la CSC se sont réunis en assemblée le matin. À l’approche de la date fatidique du 1er janvier 2026 où des milliers de personnes sans travail seront exclues du chômage, l’heure est à l’inquiétude.
Les militants TSE s’indignent face à ces mesures. Un atelier pancartes leur permet de traduire leurs émotions en slogans qu’ils porteront dans la manifestation de l’après-midi: «Les exclusions vont au final coûter plus cher à la société», «La pauvreté n’est pas un choix mais la solidarité oui», «On a tous le droit de se loger et de se nourrir! Stop à l’exclusion sociale», «Non à la pauvreté. Oui au respect de la dignité.», «Chassons la pauvreté, PAS les pauvres», «Ras-le bol !!! L’union fait la force. Ne lâchons pas. Continuons le combat», «Financez la paix sociale, pas la guerre»…
Brigitte, 64 ans, militante TSE BW (Brabant wallon) de la CSC, porte le slogan: «Les Engagés vendus. Qu’est-ce qui est devenu votre esprit chrétien?». Elle est en colère contre Monsieur Bouchez, mais aussi contre les Engagés. Place d’Armes, dans le marché associatif dédié au droit à l’alimentation de qualité pour tous, elle interpelle le ministre wallon de la Santé, de l’Environnement et de l’Égalité des chances, Yves Coppieters, qui fait le tour des stands. Elle raconte. «Je lui ai exprimé ma colère, mon ressenti. Pour moi, ce qui sous-tend l’esprit chrétien, c’est la solidarité, l’entraide. Les mesures actuelles ne se prennent pas dans ce cadre. Tout le monde n’a pas les mêmes chances dans la vie. Certaines personnes ont des accidents de vie. Il faut traiter les gens au cas par cas parce qu’on n’est pas des robots.»
Brigitte travaillait à l’UCB. Elle a été licenciée à 50 ans, du jour au lendemain, dans le cadre d’une restructuration et est tombée en dépression. Malgré des formations diverses, elle n’a pas retrouvé de travail et est devenue militante avec les travailleurs sans emploi: «Chacun a le droit d’avoir quelque chose pour vivre. Tous les travailleurs sans emploi sont sanctionnés parce qu’il y a des tricheurs. Mais le nombre de tricheurs est peu élevé par rapport à l’ensemble. Monsieur Bouchez n’a qu’une seule vision: celle du travail, uniquement le travail, à n’importe quel prix. Bien sûr, il faut travailler, mais la vie n’est pas que ça. Le ministre Coppieters m’a écouté, m’a dit "Je vous comprends" et qu’il n’allait pas nous abandonner au niveau de la santé en Région wallonne.»
Pensionnée depuis deux ans, Brigitte continue de militer, avec une casquette de Seniors CSC en plus. Et de témoigner du vécu d’autres personnes:
«Je connais une femme qui a eu un cancer du sein vers la quarantaine. Elle a arrêté de travailler pour faire ses traitements de chimio puis a repris le travail, mais elle vivait mal le traitement d’hormonothérapie. Pour pouvoir se ménager, elle a demandé un aménagement de travail à temps partiel, mais ça lui a été refusé par son patron. Elle se retrouve à la mutuelle alors qu’elle veut travailler. Il faut se rendre compte que ce sont parfois les patrons qui poussent les travailleurs à se mettre en maladie.»
Tous les travailleurs sans emploi sont sanctionnés parce qu’il y a des tricheurs. Mais le nombre de tricheurs est peu élevé par rapport à l’ensemble.
L’après-midi, la manifestation dans les rues de Namur a rappelé l’importance de construire une société juste, solidaire et humaine, qui repose sur des droits fondamentaux: travail décent, santé, sécurité sociale, chômage, pensions, logement, alimentation, allocations familiales… Des droits aujourd’hui fragilisés et menacés par des politiques qui les nient.
«Ils nous proposent la guerre. Nous on fait le choix de combattre la misère». C’est avec ce slogan entonné par Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, et repris par les manifestants que s’est terminée la manifestation.
© Donatienne Coppieters