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L'info n°1824/10/2025

«J’ai une farde remplie de certificats de formation»


«Je pensais que je ferais partie de la 2e vague. Je serai finalement dans la première»
, constate Françoise, 58 ans, en maladie longue durée depuis 2006. «Je ferai les choses en temps et en heure pour introduire les demandes ou CPAS».

Propos recueillis par David Morelli

J'ai travaillé à partir de 1996 à la police fédérale en tant que technicienne de surface. Et puis, je suis tombé en maladie de longue durée: je suis atteinte d’épicondylite, un trouble musculosquelettique mieux connu sous le nom de tennis-elbow. C’est une inflammation du coude qui apparaît à force de faire toujours les mêmes mouvements. À cause de cette tendinopathie, je n'ai jamais pu reprendre le travail parce que, au travail, il fallait absolument du rendement. J’ai été licenciée en 2006. À partir de ce moment, j'ai fait les démarches auprès de la maison de l'emploi et puis au syndicat. À l’époque, j’avais 40 ans et on me répondait déjà que j’étais trop âgée pour le marché de l’emploi.

Faire le ménage devient difficile

Parallèlement à mes recherches d’emploi, j’ai suivi des formations au Forem en informatique, parce que c'est ce qui m'intéresse beaucoup. J'ai également fait des remises à niveau en français et en mathématiques. J'ai aussi pris des cours de dactylo le soir pendant un an. J’ai une farde remplie de certificats de formation! Mais je n’ai jamais retrouvé d’emploi comme technicienne de surface. Je cherche encore aujourd’hui du travail mais, à 58 ans, difficile pour moi d’aller nettoyer en dessous des bureaux avec mon genou qui s’est déglingué. Même faire mon ménage chez moi, ça devient difficile. Je me suis encore levée à 05h00 ce matin pour regarder les offres d’emploi. Il n’y a plus que des temps partiels et, si on n'a pas 19h de temps de travail, on ne reçoit plus de complément de chômage…

Continuer à chercher

Le problème, c’est que le gouvernement met tout le monde dans le même sac. Ça affecte énormément le moral. Je ne trouve pas d’emploi…. mais je continue quand même à chercher. À partir de mars 2026, ça va être plus compliqué financièrement. J’espère avec les quelques sous que j’ai de côté pouvoir tenir jusqu’à ce que j’aie droit au CPAS, sous statut d’isolé. Je me rends compte de ce que ça véhicule comme image mais c'est ça où survivre avec mes petites économies…

«Oui, je suis inquiète»

Quand j’étais jeunes, j'ai été cavalière et c'est là-dedans que j’aurais voulu évoluer mais à mon âge, je n’aurais même plus la force de serrer une sangle. Alors oui, travailler dans un manège pour aider les jeunes, j’espère qu’on me le proposera… mais en attendant, je continue mes bénévolats pour la Croix-Rouge et j’essaye de continuer à vivre. Oui, je suis inquiète. Et si je n’ai pas d’autre choix, j’accepterai l’emploi que l’on me proposera…

J’espère avec les quelques sous que j’ai de côté pouvoir tenir jusqu’à ce que j’aie droit au CPAS, sous statut d’isolé.

La plupart des témoignages de ce dossier ont été récoltés à l’occasion des séances d’information sur l’exclusion du chômage organisées par la CSC. Très loin de la caricature de chômeurs professionnels véhiculée par le ministre de l’Emploi, ils témoignent des obstacles (contrats et statut précaires, maladie, situation familiale…) qui les ont empêchés de sortir du statut de chômeur de longue durée, malgré leurs efforts… et leur travail.