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L'info n°1228/06/2024

L’Europe doit collaborer, au lieu de se faire concurrence

Les États membres de l’Union européenne se livrent actuellement à un combat interne pour attirer l’industrie dans leur pays.

N. dN., D.Z.


L’usine d’Arcelor Mittal, à Dunkerque, est davantage subsidiée
que le site belge du même groupe.

La France, par exemple, dépense énormément d’argent pour soutenir les entreprises et leur permettre de consentir des investissements cruciaux visant à réduire leurs émissions de CO2 et à verdir leur production. Par exemple, le site de Dunkerque de l’entreprise métallurgique ArcelorMittal a reçu 850 millions d’euros pour transformer son usine et l’équiper de hauts fourneaux alimentés par l’électricité. Cette aide représente la moitié de l’investissement total! Le ministre français de l’Économie s’est autocongratulé en affirmant ainsi surpasser la Belgique, notre pays ne pouvant consacrer qu’une partie de cette somme au verdissement de son site de Gand. Grâce à des travaux d’infrastructure et à une politique souple en matière de permis, le nord de la France arrive à attirer de nombreuses entreprises, souvent au détriment des sites belges. Beaulieu a ainsi fermé son usine de filature en Belgique pour la déplacer quatre kilomètres plus loin, dans la commune française de Comines. «C’est frappant, car l’industrie s’était précisément retirée de cette région il y a des années d’ici, explique Steve Rosseel, président de la CSC Alimentation & Services. Les Français mettent aujourd’hui tout en œuvre pour attirer les entreprises. De gros producteurs alimentaires comme Clarebout, une usine de transformation de pommes de terre, implantent aujourd’hui de nouvelles usines dans la région de Dunkerque, au détriment d’extensions dans notre pays».

Un bloc économique uni

Renaat Hanssen, conseiller économique à la CSC, déteste la concurrence interne à laquelle se livrent les États membres de l’UE. «L’Europe a assoupli les règles relatives aux aides publiques aux entreprises afin que les États membres européens puissent réagir face aux énormes subsides publics accordés par les États-Unis et la Chine. De ce fait, on est aujourd’hui dans une situation où des acteurs importants comme la France et l’Allemagne peuvent se permettre de mettre sur la table des sommes gigantesques que les petits pays ne pourront jamais offrir. Or, c’est précisément le moment d’unir nos efforts pour mettre en place une véritable politique industrielle européenne au lieu de se battre entre nous pour des miettes. Avec la Chine et d’autres pays d’Asie qui ne cessent de gagner en importance, nous ne pouvons pas nous permettre de nous montrer divisés. Tous les États membres doivent former un bloc économique uni».

C’est le moment de mettre en place une véritable politique industrielle européenne!


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