L’accord de Pâques, récemment conclu par le gouvernement fédéral, sonne comme un mauvais coup pour des dizaines de milliers de demandeurs d’emploi. Limiter dans le temps les allocations de chômage est une décision aussi injuste qu’inefficace. Environ 120.000 personnes risquent de perdre leur droit à une protection essentielle, sans que personne ne puisse démontrer que cela les rapprochera de l’emploi.
Ce que l’État fédéral n’assumera plus en matière de chômage, les communes le paieront en aide sociale, les mutuelles en indemnités de maladie. Autrement dit, la précarité des uns deviendra la charge des autres. C’est une politique à courte vue, socialement désastreuse et budgétairement trompeuse.
Ce choix politique repose sur une idée fausse: que les demandeurs d’emploi ne cherchent pas assez, qu’ils doivent être «incités» à retrouver un emploi. Or, toutes les études le confirment: le problème n’est pas le manque de motivation, mais le manque d’opportunités. Là où il n’y a pas d’emplois disponibles, il ne peut y avoir d’embauche. Là où il y a de la discrimination, il y a de l’exclusion. Ce n’est pas en affaiblissant les plus fragiles qu’on renforce le marché de l’emploi.
Pire encore, cette réforme risque de rompre le lien avec les offices régionaux de l’emploi, alors qu’ils devraient au contraire accompagner davantage, plus tôt et plus humainement. Elle nie aussi la responsabilité des employeurs et la nécessité d’investir dans des politiques d’emploi dignes.Plutôt que d’exclure, nous voulons inclure.
Plutôt que de punir, il faut soutenir. Car derrière chaque demandeur d’emploi, il y a un homme ou une femme qui a besoin d’un emploi, d’un revenu, mais surtout de dignité. Une société juste ne laisse personne de côté.
Marie-Hélène Ska, secrétaire générale
Plutôt que de punir, il faut soutenir. Car derrière chaque demandeur d’emploi, il y a un homme ou une femme qui a besoin d’un emploi, d’un revenu, mais surtout de dignité.