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L'info n°1922/11/2024

Audi

Les travailleurs des sous-traitants: laissés-pour-compte de la restructuration

Le mardi 5 novembre dernier, la rédaction a rencontré les délégués et militants des principaux sous-traitants d’Audi: Sadek Rafai et Ali Kemar de chez Imperial Logistics et Joaquin Malpica de chez Rhenus, ainsi que le permanent de l’ACV-CSC Metea, Jamal El Yakoubi. De nombreux autres délégués et militants étaient présents ce jour devant l’usine d’Impérial en grève.

Propos recueillis par Erwin Huys

Quelle est la situation aujourd’hui chez Imperial?


Sadek:
Un premier CE extraordinaire s’est tenu le 15 octobre chez Imperial Logistics et chez Mosolf. La priorité, c’était de lancer la procédure pour pouvoir poser toutes nos questions au sein de nos entreprises respectives. Mais en l’absence d’une avancée vers la négociation d’un plan social, les délégués ont entamé des actions dans l’entreprise dès le 21 octobre. Pour faire pression sur le personnel et leurs représentants, la direction a alors décidé de mettre d’office tout le personnel en grève. Il s’agissait d’un véritable chantage: «Soit tout le monde reprend le travail, soit tout le monde est en grève et nous ne paierons personne!». La direction a ensuite annoncé qu’il ne serait pas question pour elle de négocier un plan social, laissant même entendre que l’option «mise en faillite» était envisageable. Imperial a aussi adressé une demande de prise en charge du plan social à la direction allemande d’Audi.

Aujourd’hui, 80% des 283 travailleurs de chez Imperial ont voté en faveur de la grève afin de faire pression sur la direction. Il est évident pour nous que nous faisons tous partie de la chaîne d’approvisionnement d’Audi. D’ailleurs, jusqu’en 2017, l’ensemble des sous-traitants (Imperial, Rhenus, Parking, Mosolf) faisaient partie d’Autovision, filiale du groupe VW. Nous étions tous collègues! Depuis cette division, chaque direction de sous-traitant mène sa propre stratégie, ce qui divise les travailleurs et crée un fort sentiment d’injustice.

Et chez Rhenus?


Joaquin:
C’est le 9 octobre que la procédure d’information-consultation de la Loi Renault a enfin été activée chez Rhenus Automotive (environ 120 travailleurs). Mais la direction refuse de démarrer la négociation d’un plan social, sous prétexte qu’elle ne dispose toujours pas des informations suffisantes de la part d’Audi sur l’impact de la restructuration pour le personnel de Rhenus. Or cet argument ne tient plus la route, vu que l’on connaît maintenant la date de la fermeture officielle d’Audi, unique client de Rhenus. Pour le moment [et à l’heure où nous publions L’Info, NDLR], les travailleurs de Rhenus sont en chômage pour cause de force majeure, contrairement à ceux de chez Imperial qui sont en grève. Notre objectif est clair: pouvoir négocier un plan social correct pour les travailleurs de tous les sous-traitants.

Quelles sont vos attentes par rapport à la législation?


Sadek et Joaquin:
La Loi Renault appartient à une autre époque. C’est le message que nous faisons passer auprès des responsables politiques et des médias depuis l’annonce de la restructuration et le démarrage de la procédure d’information-consultation chez Audi. Il n’est plus concevable aujourd’hui, dans un contexte de sous-traitance généralisée, de continuer à discriminer de manière aussi flagrante les travailleurs!