Le non-marchand, un bien commun!
Le 7 novembre dernier, quelque 35.000 travailleurs des secteurs non marchands, de l’enseignement, de la santé, etc. ont envahi les rues de Bruxelles pour exprimer leur crainte de voir ces secteurs vitaux être encore moins financés à l’avenir.
Donatienne Coppieters et David Morelli
De nombreux travailleurs d’ETA ont participé à la manifestation.
Des infirmières, du personnel de maisons de repos, des assistants sociaux, des enseignants, des fonctionnaires, des artistes et des travailleurs d’entreprises de travail adapté (ETA) ont battu le pavé bruxellois pour crier leurs inquiétudes aux gouvernements formés et à venir leurs inquiétudes quant à l’avenir de leurs secteurs.
Ils sont unanimes: les conditions de travail, financières et humaines, se détériorent tellement qu’ils ne sont plus en mesure de fournir un service convenable. Pourtant, le travail quotidien des métiers du lien et du soin nécessite du temps et les besoins s’accroissent de jour en jour. La surcharge de travail, les réductions de personnel partout… provoquent beaucoup de burnout et de maladies de longue durée. Les travailleurs qui restent n’en peuvent plus et ne sont plus capables d’assurer un travail de qualité auprès de leurs publics.
L’obligation de rendement dans des secteurs qui ne devraient pas être commerciaux et la menace de diminution des subsides créent également une pression pesante pour certains secteurs, comme celui des ETA. «On a peur de voir nos subsides diminuer avec les nouveaux gouvernements. Or, ces subsides permettent aux ETA de ne pas devoir faire de bénéfices et de s’occuper principalement de l’inclusion des personnes handicapées, explique José Fernandez Garcia, de l’ETA Travie (Bruxelles) qui emploie environ 450 travailleurs. Si on supprime des subsides, cela va obliger les ETA à devenir de vraies entreprises, concurrentes des autres. Les travailleurs vont devoir augmenter leurs efforts de production alors qu’ils n’en sont pas capables au vu de leurs handicaps. Ce n’est pas le but des entreprises de travail adapté».
On a peur de voir nos subsides diminuer dans le futur.
Dans ce contexte, les travailleurs des ETA wallonnes, bruxelloises et flamandes étaient présents en nombre lors de la manifestation. «Bien qu’elles développent des activités commerciales, nous savons que l’avenir des travailleurs et travailleuses au sein de ces entreprises dépend largement du niveau de subventionnement du secteur, déclare Luca Baldan, secrétaire fédéral de la CSC bâtiment – industrie & énergie (CSCBIE). Les accords du non-marchand octroient aux entreprises des moyens complémentaires destinés, entre autres, à l’amélioration des conditions de travail. Nous envoyons un message clair aux responsables politiques compétents pour le non-marchand: les travailleurs doivent demeurer au centre de vos préoccupations. À l’avenir, nous aurons besoin d’accords suffisamment financés et centrés sur les travailleurs afin d’obtenir, entre autres, des meilleurs salaires et des conditions de travail revues à la hausse, des fins de carrière dignes, ou encore une adaptation adéquate des postes échappant à une pure logique commercial. En ce qui concerne les entreprises de travail adapté, il faudra un secteur en adéquation avec son objet social: l’insertion socio-professionnelle des travailleurs porteurs de handicap, accessible aussi aux porteurs de handicap plus lourd.»
© Donatienne Coppieters