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L'info n°1323/08/2024

Belgique

Covid long: un manque de prise en compte

Le Covid long perturbe l’ensemble des domaines de la vie sociale des personnes qui en souffrent: santé, relations sociales, ressources économiques… mais aussi travail. Focus sur la réalité difficile de certains travailleurs.

David Morelli

Melvin Michiels, 28 ans, est membre de l’association Covid long Belgique. Il a contracté le virus en 2020 et a dû vivre avec pendant deux ans et demi. «Je me suis retrouvé alité pendant plusieurs mois, et j’ai eu des problèmes cognitifs. Me concentrer était extrêmement difficile. Une situation particulièrement pénible alors que je devais gérer mes études d’assistant social». Si Melvin Michiels en est finalement sorti, on estime aujourd’hui à 130.000 le nombre de personnes qui souffrent de Covid long – c’est-à-dire qui, trois mois après une phase aiguë de Covid, présentent encore un ou des symptômes: épuisement, vertiges, perte de mobilité, difficultés de concentration, etc. Les origines de cette pathologie restent encore mystérieuses.

Incompréhension

En octobre 2020, l’association «Covid long, nous existons – Belgique», qui rassemble aujourd’hui plus de 1.800 personnes, publiait une lettre ouverte alertant le ministre de la Santé sur la situation des personnes souffrant du Covid long. Si, depuis, une reconnaissance leur a été accordée, l’association déplore l’absence de réflexion sur les conséquences de la maladie dans le milieu du travail. Pourtant, comme l’explique Melvin Michiels, il est difficile pour les travailleurs qui en sont atteints de travailler convenablement, leurs compétences et leurs capacités étant amoindries par la maladie. «Chaque tâche à accomplir devient une montagne à franchir», déplore-t-il. À cette souffrance vient parfois s’ajouter le regard des autres: «il y a souvent un problème de compréhension de la part de l’entourage, et de la méfiance, même au niveau médical». Au travail, les malades de Covid long font régulièrement face aux préjugés de leur direction, ou encore à l’incompréhension voire la stigmatisation de leurs collègues, qui ne les croient pas, ou pensent qu’ils exagèrent. «C’est un stress supplémentaire à gérer».

Demande d’aménagements

Cette situation peut aboutir à l’arrêt pour cause médicale, voire à la perte de travail. Avec, à la clé, une diminution de revenus qui, couplée aux dépenses médicales liées à au Covid, peut entrainer des situations de précarité. Lorsque certains malades plus fragiles financièrement dépassent leurs limites physiques ou mentales pour rester au travail, cela peut également provoquer des souffrances accrues.

Pour l’association, ce manque de considération de la part du patronat et d’une partie du monde médical face à ce problème de santé publique provoque un grand sentiment d’abandon, beaucoup de colère, et d’épuisement. «Il faut soutenir les travailleurs qui souhaitent rester au travail en aménageant leur poste de travail, leur horaire», plaide Melvin Michiels. Mais même, avec un partiel médical, il est difficile de travailler «à la carte», les symptômes ne s’arrêtant pas pendant les heures de bureau… «Des aides devraient être envisagées pour soutenir les personnes handicapées par le Covid long. En attendant, nous développons un système de bénévolat et des partenariats pour aider les personnes qui sont serrées financièrement», conclut Melvin Michiels.

Il y a souvent un problème de compréhension de la part de l’entourage.


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