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Le dossier

L'info n°1023/05/2025

Nous sommes mobilisés pour valoriser notre savoir-faire!

Vincenzo A., peintre de 52 ans, entame son second mandat comme délégué syndical sur le site liégeois de Thales Belgium s.a., qui produit principalement des roquettes conventionnelles et guidées. Il aborde les conséquences des plans de réarmement dans son entreprise.

Propos recueillis par David Morelli

Comment envisagez-vous les investissements annoncés dans le Plan ReArm Europe et les accords de Pâques?

Les investissements annoncés s’inscrivent dans une dynamique positive pour notre site, qui bénéficie d’une reconnaissance croissante au niveau national et international. Les perspectives de croissance sont réelles, mais elles s’accompagnent aussi de défis, notamment en matière de recrutement. Nous restons attentifs à l’évolution de la charge de travail et à l’intégration des nouveaux collaborateurs, afin de garantir la qualité de notre environnement professionnel. 

Le marché de l’emploi peut-il fournir des ouvriers formés pour ces postes?

Le secteur de l’armement est très spécifique et il n’existe pas de formation standard pour nos métiers. Il n’y a pas «d’école de la roquette»: la plupart des compétences s’acquièrent directement sur le terrain grâce à un accompagnement interne. Certains postes plus techniques, comme tourneur fraiseur, soudeur ou peintre par exemple, exigent des savoir-faire, mais la transmission des connaissances sur les chaînes d’assemblage reste une force de notre entreprise, renforcée par le plan formation Thales.

Dans un contexte d’augmentation des commandes, y a-t-il une attention syndicale particulière quant aux conditions de travail?

Avec la hausse des commandes, nous avons veillé à renforcer les équipes, ce qui nous a permis de préserver un rythme de travail équilibré. Le bien-être au travail demeure une priorité, tout comme la mise en place de dispositifs visant à encadrer l’évolution des rémunérations, afin d’assurer l’équité et la transparence pour l’ensemble du personnel. Par mon implication au Comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT), nous veillons constamment à l’amélioration des conditions de travail, favorisant inclusion, respect et ergonomie.

Existe-t-il une crainte de voir la production des futures commandes délocalisées ailleurs?

Dans un contexte de montée en puissance de la production, il est possible que certaines activités obligent notre entreprise à créer de nouvelles chaînes d’assemblage ailleurs en Europe, avec des salaires plus bas, pour la compétitivité. Cela fait partie des réalités industrielles actuelles. Nous restons néanmoins mobilisés pour valoriser le savoir-faire local et défendre la place de notre site dans la stratégie du groupe, tout en étant conscients des enjeux liés à la souveraineté industrielle européenne.

Avec la hausse des commandes, nous avons veillé à renforcer les équipes, ce qui nous a permis de préserver un rythme de travail équilibré.

Comment les règles en matière d’exportation sont-elles envisagées par les travailleurs?

L’exportation de nos produits est strictement encadrée par des réglementations nationales et européennes. Nous faisons confiance aux procédures mises en place pour garantir le respect des normes éthiques. Les salariés sont attachés à ces valeurs et restent vigilants quant à la destination finale de nos productions, dans un souci de responsabilité collective.


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