Pour la CSC, qui a pris position en matière de sécurité, une focalisation unilatérale sur l’armement et les dépenses militaires nuit au progrès social et accroît les tensions.
D.Mo.
La CSC pose plusieurs constats. Le premier, c’est qu’alors que le nouveau cadre budgétaire européen vient à peine d’entrer en vigueur, le plan «ReArm Europe» permettrait d’exempter les dépenses de défense des rigueurs de ce cadre. «Globalement, la situation géopolitique génère un sentiment d’urgence qui n’a jamais été ressenti pour la politique climatique ou sociale. La demande et l’ampleur des investissements dans la défense alimentent un discours qui présente ces efforts comme un soutien à l’industrie européenne. Cette situation est contradictoire face aux moyens très limités alloués au «Clean industrial deal», pour lequel aucune exception n’a été prévue dans la politique budgétaire.» Concernant la Belgique, elle ajoute que «le discours sur la défense sert également à masquer la rigueur de la politique d’austérité menée et permet de présenter cette politique comme “difficile mais nécessaire”. L’argument d’une menace extérieure constitue, pour le gouvernement, une excellente diversion face aux enjeux de la politique intérieure.» Plus largement, la CSC affirme sa position en matière de sécurité «en tant que mouvement de paix»: «La sécurité ne peut être réduite à la seule puissance militaire. (…) L’inaction mondiale face à des enjeux globaux comme le changement climatique est également préoccupante.» Pour la CSC, «au lieu de consacrer des moyens à l’armement et à l’escalade militaire, il faut investir dans des structures sociales qui favorisent la paix et la stabilité.»
Le syndicat pointe aussi la fausse opposition entre défense et politique sociale: «On affirme souvent qu’il est nécessaire d’accroître les dépenses en matière de défense, même au détriment des infrastructures sociales. Cette opposition est fallacieuse. C’est précisément l’absence et le sous-financement des politiques sociales qui entraînent des tensions sociales et l’instabilité (…). Une politique de sécurité juste doit donc protéger et renforcer les investissements sociaux.» Les syndicats européens, parmi lesquels la CSC, exigent donc que les moyens sociaux ne soient pas sacrifiés au profit des budgets militaires.
Enfin, pour la CSC, tout investissement dans la défense doit être subordonné à des conditions sociales et au respect des droits humains: «L’industrie de la défense ne peut pas, et ne doit pas, être la base de l’ensemble de la politique industrielle en Europe. Elle doit se concentrer sur la croissance durable, l’innovation et la justice sociale. (…) Le secteur doit répondre à des normes élevées en matière de qualité et de conditions de travail équitables. (…) En outre, l’industrie liée à la défense (…) ne doit pas encourager une militarisation excessive ni créer une dépendance économique à la production de guerre. L’intégration responsable et contrôlée de la défense dans la politique industrielle est nécessaire pour garantir la stabilité sociale et économique.»
On affirme souvent qu’il est nécessaire d’accroître les dépenses en matière de défense, même au détriment des infrastructures sociales. Cette opposition est fallacieuse."
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