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L'info n°1023/05/2025

Cellules de reconversion: les fake news de la majorité MR/Engagés

Alors que les cellules de reconversion affichent un taux de remise à l’emploi remarquable et proposent une approche humaine du reclassement professionnel1, le gouvernement wallon tourne le dos à l’objectivité et menace un dispositif qui fonctionne.

D. Mo.

Le 13 mai dernier, la majorité wallonne MR/Les Engagés a refusé la demande d’organiser des auditions dans le cadre de la réforme annoncée des cellules de reconversion. Une décision qui prive les parlementaires et les travailleurs d’un débat informé sur l’apport de ce mécanisme dans la remise à l’emploi des travailleurs licenciés. «La majorité s’appuie sur des chiffres erronés et des éléments faussés pour justifier une réforme qui menace un dispositif ayant pourtant fait ses preuves, déplorent la CSC et la FGTB wallonne dans un communiqué commun. Le taux de réinsertion de 56,5% avancé par le ministre est biaisé par des situations exceptionnelles, comme celle de l’entreprise TNT, marquée par un nombre inhabituel de malades de longue durée. En dehors de cette circonstance particulière, le taux de réinsertion en 2024 atteint en réalité 65,87%, et il s’élevait à 75% en 2023, voire 87,2% en incluant les formations. Sur dix ans, la moyenne se situe à 67,3%. Ces résultats concernent majoritairement des travailleurs de plus de 45 ans, souvent sans diplôme secondaire, parfois après 20 ou 30 ans dans la même entreprise. Qui peut appeler cela un échec?», se demandent les syndicats.

Privilégier l’humain plutôt que le profit

Pour la CSC et la FGTB, derrière l’écran de fumée des statistiques, la majorité prépare le transfert de l’accompagnement des travailleurs licenciés vers des opérateurs privés, alors même que les cellules de reconversion publiques offrent un accompagnement humain, de proximité et de solidarité, salué par tous les acteurs de terrain. «Les entreprises d’intérim, quant à elles, multiplient les contrats précaires et abandonnent les plus fragiles, avec des résultats bien inférieurs en matière d’insertion durable, constatent les deux syndicats. Nous ne sommes pas opposés à une évolution du dispositif, mais pas au prix de son démantèlement. Nous n’accepterons jamais que cela serve de prétexte pour liquider un modèle qui fonctionne.»

Pour Daniel Cornesse, secrétaire régional à la CSC, «il est évident que l’objectif de cette manœuvre politique est de faire de ce projet de reconversion professionnelle une activité lucrative pour le secteur privé, dont l’objectif restera de générer du profit, alors que les organisations syndicales s’impliquent pour l’humain d’abord. La garantie obtenue pour les travailleurs de Cora est une chose, mais une égalité de traitement doit être trouvée pour les prochains travailleurs qui seront victimes de restructuration. Nous continuerons à nous battre, aux côtés des travailleurs, pour que l’emploi durable reste une priorité en Wallonie», affirme-t-il.

67,3%

C’est le taux de réinsertion moyen sur dix ans.

Ne pas sacrifier le dispositif

Les syndicats demandent à être reçus devant le Parlement wallon pour exposer les vrais chiffres et démontrer l’efficacité des cellules de reconversion. «La Wallonie ne peut pas se permettre de sacrifier un outil qui a permis à des milliers de travailleurs de rebondir après un licenciement collectif, (…) surtout face aux licenciements qui se multiplient. Il est capital que les cellules continuent d’être pilotées par les organisations syndicales qui ont construit le dispositif, grâce à des partenariats forts et pérennes», concluent-ils.


1. À lire notamment dans L’Info n°3.


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