Les malades de longue durée sont majoritairement des femmes. Et il existe de nombreux facteurs qui expliquent cette situation.
David Morelli
Selon les derniers chiffres de l’Institut national d’assurance maladie et invalidité (Inami), la Belgique comptait environ un demi-million de malades de longue durée en 2023. Parmi ceux-ci, 60% sont des femmes. Le nombre de femmes malades de longue durée a triplé (!) au cours des vingt dernières années.
Si des facteurs biologiques, comme la ménopause ou le cycle menstruel – à lire dans le dossier sur la santé des femmes au travail de L’Info n°5 – constituent un élément de réponse à ce constat, ces spécificités féminines sont l’arbre qui cachent la forêt des conditions de travail.
En effet, 70% des invalidités sont dues à des troubles musculosquelettiques (TMS) ou des problèmes de santé mentale. Les femmes sont surexposées à ces risques du fait qu’elles sont surreprésentées dans des secteurs pénibles, physiquement et/ou émotionnellement, comme les soins de santé ou la petite enfance. Dans ces secteurs, les travailleuses sont, entre autres, exposées à des risques de burnout particulièrement importants du fait de la forte charge émotionnelle, du manque de personnel et/ou de moyens. Une pathologie que l’on retrouve également dans le secteur du nettoyage du fait de conditions de travail pénibles, d’horaires morcelés et de non-valorisation du travail.
Mais à ces éléments professionnels viennent souvent s’ajouter la charge mentale domestique, plus importante chez les femmes que chez les hommes. «La charge du ménage et des enfants revient encore aux femmes, constate Aurore De Keyzer, responsable nationale des Femmes CSC. Il y a certes des progrès, mais ils sont à la marge. Cette charge mentale vient accentuer des situations où il y a parfois déjà des problèmes de santé liés au travail. Cela peut aboutir à des dépressions, par exemple, chez ces femmes qui sont débordées sur tous les fronts».
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les mesures proposées par le ministre Vandenbroucke concernant les malades de longue durée ne sont pas du goût des Femmes CSC. «Ces mesures sont une nouvelle violence infligée aux femmes, affirme Aurore De Keyzer. Aujourd’hui, on s’attaque à des femmes qui sont en mi-temps médical parce que, dans les titres-services par exemple, le corps ne suit plus, à force d’avoir soulevé des charges et d’avoir subi des produits nocifs. Ces mesures les précarisent encore un peu plus. Ce n’est pas les remettre au travail qui va les aider, mais bien augmenter leurs salaires pour qu’elles puissent faire moins d’heures. Il est temps que la pénibilité de ce travail, comme celui des femmes qui travaillent dans les métiers du care1, soit reconnue».
1. Les métiers du «care» (soin) englobent les professions liées au soin, à l’aide, à l’accompagnement, etc., NDLR.
70%
des invalidités sont dues à des troubles musculosquelettiques ou des problèmes de santé mentale.