Le dossier

L'info n°1429/08/2025

Les fruits

de nos actions

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Que ce soit dans la rue, pour stopper les reculs sociaux promis par les mesures de l’Arizona, ou dans les entreprises et les secteurs, pour faire valoir leurs droits ou améliorer la condition des travailleurs, la CSC, ses militants et ses délégations syndicales se sont mobilisés durant l’année sociale écoulée. L’Info met en lumière quelques-unes de leurs victoires et avancées syndicales.

David Morelli

Dans les secteurs et les entreprises


• Holcim: vers un travail plus faisable
La CCT 104 relative à la création d’un plan pour l’emploi des travailleurs âgés de 45 ans et plus a été signée. Elle permet aux travailleurs concernés d’obtenir un jour de congé supplémentaire à partir de 45 ans et un deuxième jour à partir de 55 ans (à lire dans L’Info n°11).


• Une quinzaine d’emplois sauvés chez AMI Metals
L’employeur accepte de prolonger les CDD des travailleurs menacés de perdre leur contrat (à lire dans L’Info n°9).


• Vertefeuille: l’union fait la force
Malgré la distance qui les sépare, les travailleurs de trois maisons de repos hennuyères (à Tournai, Ath et Colfontaine) sont parvenus à faire plier leur direction, qui pensait pouvoir négocier des CCT au rabais en réunissant des travailleurs qui vivaient des réalités un peu différentes au sein d’une même unité technique d’exploitation. Au final, les travailleurs ont obtenu une nouvelle prime, des jours de congés supplémentaires et un écochèque.


• Thy-Marcinelle: gain de cause au bout de la grève
La détermination des travailleurs a permis, entre autres, d’augmenter la compensation financière par jour chômé et de payer l’acompte sur cette compensation plus tôt dans le mois (à lire dans L’Info n°7).


• Thalès Alenia Space: 
nombre de licenciements réduit
À lire dans L’Info n°6.


• Bidfood Makady: 
augmentation importante de la valeur des chèques-repas
Suite à cinq mois de négociations avec la direction, tous les travailleurs de cette entreprise du secteur de l’horeca bénéficieront désormais de chèques-repas de 8 euros. Une plus-value énorme pour les ouvriers du magasin qui voient la valeur de leurs chèques passer de 3 à 8 euros, soit un gain moyen de près de 100 euros par mois par travailleur!


• Deltrian: 
perspectives encourageantes pour l’avenir de la concertation sociale
Depuis plusieurs années, la délégation syndicale s’attelle à défendre l’idée que les travailleurs ont le droit d’être rétribués, notamment via une amélioration de leur pouvoir d’achat, pour leurs efforts qui ont permis à l’usine de Fleurus de fortement se développer. La détermination de la délégation syndicale a été payante. Depuis le 1er juillet 2025, le personnel ouvrier bénéficie de chèque-repas d’une valeur de 6 euros. L’employeur s’est également déclaré prêt à ouvrir les négociations pour la conclusion d’une nouvelle CCT 90 relative à une rétribution en fonction des résultats collectifs d’une entreprise ou d’un groupe défini de travailleurs dans l’entreprise.


• «Block Friday»: 
mobilisations gagnantes
Pendant plusieurs mois, un bras de fer a opposé les syndicats aux exploitants de la Médiacité, un des principaux centres commerciaux de Liège, à propos des heures d’ouverture. Suite à la persévérance de travailleuses qui se sont mobilisées tous les vendredis («Block Friday») pendant un an malgré la pression et les obstacles, le personnel de la Médiacité a obtenu de la direction que le shopping soit fermé dorénavant à 20h les vendredis sauf pour les périodes de haute activité commerciale. Concrètement, cela représente 16 vendredis par an, jusque 21h, au lieu de 52. Cette avancée significative montre que rien n’est immuable et que les choses peuvent s’améliorer lorsque les travailleurs se mobilisent.


• TEM-Technilift: 
pas touche aux acquis!
À l’issue d’une grève de cinq jours, les travailleurs ont obtenu la suspension d’une décision unilatérale qui menaçait un acquis (à lire dans L’Info n°3).


• Assistance dépannage pour les aides à domicile en milieu rural
Depuis le 1er octobre, en Wallonie, peu importe le souci rencontré avec leur véhicule, pendant ou en dehors de leurs heures de travail, les 1.600 aides à domicile du secteur ont désormais droit à une assistance dépannage ainsi qu’à un véhicule de remplacement pendant dix jours. Cette victoire fait suite à deux années d’intenses négociations qui avaient déjà permis d’obtenir, en juillet 2024, un meilleur remboursement des kilomètres parcourus par les aides à domicile dans le cadre de leur travail. Les travailleuses nourrissent l’espoir que cette victoire pousse leur employeur à mieux répartir les secteurs d’activités pour diminuer l’empreinte écologique de leurs déplacements. À cette victoire syndicale viendrait alors s’ajouter une victoire pour l’environnement. 


• Les aides-ménagères ont reçu leur prime de fin d’année
En décembre dernier, les fédérations patronales du secteur des titres-services (TS) lâchaient une bombe en résiliant la CCT relative à la prime de fin d’année. Après huit mois d’incertitude et de pressions des syndicats et des militants, une nouvelle CCT, au contenu identique à la précédente, garantit à nouveau aux dizaines de milliers d’aides-ménagères travaillant dans les entreprises de TS affiliées à Federgon, à InitiativES et à la Vlaams Platform DCO une prime de fin d’année et une prime syndicale.


• Aaxe: 
augmentation du montant des chèque-repas
Après cinq mois de travail syndical acharné, la direction et les déléguées d’Aaxe, une société de titres-services basée à Bruxelles, ont conclu un accord afin de faire passer la valeur des chèques-repas des 3.000 travailleuses de l’entreprise de 7 à 7,50 euros, soit un gain de 110 euros pour les travailleuses à temps plein (et de 55 euros pour les mi-temps).


• Lunch Garden: 
agir malgré le silence
Dans le cadre du redémarrage de la concertation sociale chez Lunch Garden suite à la reprise par le fonds CIM Capital de 25 restaurants de la chaîne sur 39 en intégré, une CCT plus favorable que la CCT sectorielle et la base légale CPPT a pu être renégociée. Autrement dit, une présence syndicale, même après une faillite silencieuse, peut changer la donne et aboutir, présentement, à quatre fois plus d’heures syndicales par mois, à une augmentation du nombre de délégués en CPPT, ou encore à l’installation d’un conseil d’entreprise (CE) alors que la loi ne le prévoit pas.


• 160 emplois sauvés chez Barry Callebaut à Halle

Les représentants des travailleurs ont réussi, après de nombreuses négociations et réunions, à réduire de manière significative le nombre de licenciements envisagés dans le cadre d’une procédure Renault.





En Belgique, en Europe et dans le monde


• Mobilisations massives contre l’Arizona
Lire l’encadré ci-dessous.


• Industrie des matériaux de construction: promouvoir le travail décent
Le 4 octobre 2024, pour la première fois, les représentants des travailleurs, parmi lesquels la CSC, des employeurs et des gouvernements, se sont accordés au sein de l’Organisation internationale du travail sur un ensemble de recommandations concrètes visant à remodeler l'avenir de l'industrie des matériaux de construction, y compris le ciment, en prenant en compte la durabilité environnementale et la justice sociale. Ces recommandations pourraient avoir un impact important pour réduire les émissions de carbone et assurer un travail décent aux travailleurs du secteur.


• Un statut de salarié pour les travailleurs et travailleuses du sexe
La Belgique est le premier pays au monde à mettre en place des mesures concrètes pour légaliser le travail du sexe (à lire dans L’Info n°3).


• Une convention pour renforcer la protection des travailleurs face aux risques biologiques
Lire page 11.


• Escape game gagnant
La CSC est lauréate d’un prix européen pour son animation de sensibilisation aux dangers de l’extrême droite (à lire dans L’Info n°7).


• Discrimination au travail: les subsides 2024 sauvés
En octobre dernier, le ministre wallon de l’Emploi et de la Formation, faisait savoir aux asbl syndicales luttant contre la discrimination au travail que leurs subsides prévus pour l’année 2024 seraient annulés et qu’ils ne seraient plus octroyés à l’avenir. Suite à des actions initiées par la CSC, les subsides 2024 ont été sauvés. Le combat continue pour les années à venir.


• Droit de grève: la Cour constitutionnelle donne raison aux syndicats
Le recours aux requêtes unilatérales ne peut intervenir qu’à titre exceptionnel, même en cas de piquet de grève bloquant l’entrée d’un magasin. Cette décision de la Cour constitutionnelle est une victoire importante dont on peut espérer qu’elle sera prise en compte dans les conflits sociaux à venir.


• Un congrès pour retravailler le travail
En octobre dernier, la CSC a tenu son congrès à Bruges pour définir ses priorités pour les quatre prochaines années.


© Shutterstock, CSCBIE

Mobilisations massives contre l’Arizona

Le front commun syndical s’est mobilisé à de nombreuses reprises pour dénoncer les mesures de l’Arizona et porter les revendications des travailleurs: manifestations nationales, journées de grève, actions décentralisées, etc. Cette pression a permis d’obtenir des petites victoires qui ont permis de faire reculer le gouvernement sur plusieurs mesures:

  • Les salaires resteront indexés en 2025 et 2026.
  • Maintien de l’allocation de garantie de revenus sans limite de durée pour les travailleurs travaillant au moins à mi-temps.
  • Les congés de maternité, de naissance et d’adoption restent assimilés à du travail effectif pour le droit au chômage.
  • Pas de limitation des allocations de chômage pour les artistes.
  • Le chômage temporaire est assimilé à des jours prestés pour l’accès au chômage.
  • L’allocation de chômage reste maintenue au-delà de deux ans pour les formations en pénurie en cours, et ensuite pour les soins.
  • Pas d’augmentation du taux de TVA de 6% à 9% sur les produits de première nécessité.
  • Maintien du salaire garanti dès le 1er jour de maladie. Pas de jour de carence.
  • Maintien de deux jours par an de dispense de certificat médical pour le premier jour d’incapacité de travail pour les travailleurs. Le gouvernement n’en voulait plus qu’un.

Si ces victoires, qui ont permis de stopper ou de limiter un recul, sont très importantes pour les personnes concernées, elles ne sont pas suffisantes. Il est donc important, à l’heure de la rentrée, de rester mobilisé.


© Bart Dewaele