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L'info n°1907/11/2005

Flexi-jobs: «Nous déplaçons l’emploi, au détriment de la société»

Pour Maarten Gerard, responsable du service d’études de la CSC, le recours facilité par l’Arizona aux flexi-jobs présente des risques pour le marché du travail et les travailleurs.

Bram Van Vaerenbergh (adapt. D.Mo.)

Alors que le gouvernement précédent étendait la réglementation relative aux flexi-jobs de façon progressive, secteur par secteur, le gouvernement De Wever leur a donné carte blanche. Le plafond de revenus exonérés d’impôt pour ce type de régime est passé de 12.000 à 18.000 euros par an. Par ailleurs, le principe est inversé: désormais, les flexi-jobs sont autorisés dans tous les secteurs, sauf si la commission paritaire a convenu d’une clause d’opt-out ou s’il s’agit d’une profession protégée. L’interdiction qui empêchait les travailleurs à temps plein d’exercer un flexi-job dans une entreprise liée à leur employeur habituel est également supprimée.
«Initialement, les flexi-jobs étaient spécifiquement destinés au secteur de l’Horeca, mais aujourd’hui, ils se généralisent, constate le responsable du service d’études de la CSC. Les emplois à temps plein sont remplacés par des contrats à temps partiel, combinés à des flexi-jobs. Pour certains travailleurs qui cherchent à augmenter leurs revenus, cela peut sembler logique, mais ce choix a un coût pour la société qui perçoit moins d’impôts. Où est la logique? Les flexi-jobs sont autorisés et encouragés quasiment sans restriction, ce qui augmente le risque de les voir supplanter l’emploi régulier».

L’autre nom des contrats d’appel

Ce phénomène présente également des risques pour les travailleurs, développe Maarten Gerard. «Les flexi- jobistes se constituent des droits sociaux, mais ceux-ci ne sont pas complètement identiques à ceux des travailleurs ordinaires. Et leur travail n’est soumis ni à l’impôt, ni aux cotisations sociales personnelles. Cela représente donc un avantage financier, tant pour l’employeur que pour le flexi-jobiste. En réalité, un contrat flexi-job n’est rien d’autre qu’un contrat d’appel. Un flexi-jobiste peut très bien se retrouver du jour au lendemain sans emploi ni avantage».

«Avec ce système, poursuit-il, le gouvernement sa­bor­de le marché du travail dans son ensemble. Il est absurde qu’il soit fiscalement plus avantageux de travailler à 4/5e temps, en cumulant un flexi-job, que de travailler à temps plein. En travaillant à temps partiel, un travailleur se retrouve souvent dans une tranche d’imposition inférieure, alors que les revenus d’un flexi-job sont à peine taxés. Cela nuit à l’emploi à temps plein et est néfaste pour l’État. En outre, ce phénomène incite les travailleurs à délaisser des emplois comme dans les soins ou l’enseignement où les besoins sont criants. Ils occupent des emplois ailleurs et privent ainsi d’autres personnes, souvent moins qualifiées, d’opportunités. Résultat: nous y perdons trois fois».

Il est absurde qu’il soit fiscalement plus avantageux de travailler à 4/5e temps, en cumulant un flexi-job, que de travailler à temps plein.


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